La Mairie de Paris se dote de son propre datacentre : et alors ?

La capitale a désormais son propre centre de données, destiné à héberger les données des services de la mairie et de ses administrés. Inauguré fin mai, le datacentre fait parler de lui, en mal. OVH notamment déplore ne pas avoir été consulté.

Le 28 mai, Paris a inauguré un datacentre. Le sien. La mairie s’est en effet dotée de sa propre infrastructure afin d’héberger « l’ensemble des applications utilisées par les agents de la Ville, les services numériques offerts aux Parisiens et l’ensemble des données de la capitale ». Installé dans le 18e arrondissement, près de Porte de la Chapelle, l’installation s’étend selon un reportage du Monde sur 760 m². Y sont stockés 300 serveurs physiques, mutualisés entre la Mairie, l’AP-HP, Paris Habitat et Eau de Paris.

Quatre ans et 16 millions d’euros ont été nécessaires pour que le projet sorte de terre (quoique le centre de données soit en sous-sol) et les données ont été migrées entre juillet et octobre 2018. Dans sa communication, la Mairie de Paris met l’accent sur la démarche environnementale derrière ce datacentre, ainsi que sur l’aspect maîtrise des données. « L’ensemble des infrastructures et le site appartiennent à la Ville de Paris. Ainsi, aucune personne non autorisée ne peut y accéder » indique la municipalité.

Le bal des ouin-ouin

Auparavant, la Ville passait par des marchés publics afin d’externaliser l’hébergement et la gestion de ses données et applications. Son précédent prestataire était américain explique sur Twitter Emmanuel Grégoire, premier adjoint à la Maire de Paris, chargé du budget, de la transformation des politiques publiques et des relations avec les arrondissements. Ni une ni deux, des voix se sont élevées contre ce datacentre parisien. Pourquoi donc la collectivité n’a-t-elle pas fait appel à un hébergeur français, s’interrogent bruyamment quelques détracteurs.

OVH s’en plaint, suivi par d’autres, plus ou moins proches des milieux de l’IT. On reproche à la Mairie d’être devenu hébergeur, que ce n’est pas son métier et qu’elle aurait dû préférer un acteur français afin de soutenir le secteur. Préférence nationale, souveraineté, présomption d’incompétence de la mairie, tout semble bon pour fustiger le choix de la municipalité, qui ferait donc involontairement le jeu des GAFA…

Lapidaire, Emmanuel Grégoire répond que le datacentre parisien est « moins cher, aucune raison a priori qu’un acteur national gagne (le précédent était US) [dans le cadre d’un appel d’offres, nldr], nous mutualisons avec d’autres, pas de coût de migration à échéance de marché, maîtrise des savoirs ». Et, accessoirement, contrairement à une entreprise privée, il est peu probable que la mairie soit rachetée par un Equinix ou un Microsoft.