Suppression des cookies tiers : Google persiste et signe et présente un nouveau dispositif baptisé Topics. Les acteurs de la presse en ligne eux, montent au créneau. Explications.
Mardi 25 janvier, la firme de Mountain View a présenté son nouveau système en test, afin de mettre fin aux cookies publicitaires dans son navigateur Chrome. Nom de code : "Topics". Il vient en remplacement de la technologie FloC (Federated Learning of Cohorts), qui remplaçait les cookies publicitaires par des cohortes d’utilisateurs partageant les mêmes centres d’intérêt. Les annonceurs pouvaient ensuite sélectionner des publicités en fonction de ces regroupements.
Topics va plutôt identifier les centres d’intérêt d'un utilisateur à travers le navigateur Chrome en analysant ses recherches internet. 3 thèmes vont être sélectionnés, sur une période de 3 semaines et seront ensuite supprimés. « Par exemple, si vous avez récemment consulté des sites sur le sport, le navigateur peut noter que « sports » est l’un de vos thèmes … et un site n’aura pas besoin de voir qui vous êtes pour vous montrer une publicité sur le sport », écrit Google dans une vidéo de présentation. Un moyen, selon le géant du web, de « mieux contrôler la manière dont les données sont partagées », et donc de garantir d'avantage de confidentialité.
Les éditeurs en embuscade
Mais beaucoup y voient plutôt un moyen de garder la mainmise sur ces fameuses données et une façon de mettre en avant les produits Google. Le Financial Times a révélé qu’un groupe d'éditeurs de presse allemands (Axel Springer,Politico, Bild...), a déposé une plainte devant la Commission européenne lundi 24 janvier contre le géant du web. Une plainte justifiée comme suit : "Les éditeurs doivent rester dans une position où ils peuvent demander à leurs utilisateurs le consentement pour traiter les données (...) Google doit respecter la relation entre les éditeurs et les utilisateurs sans interférer".
Autre problème, et pas des moindre, les médias tirent des revenus substantiels de la publicité ciblée. L’Association européenne des éditeurs de journaux (ENPA) et l’Association européenne des médias magazine (EMMA) avaient déjà exprimé leurs craintes en mars dernier dans un communiqué commun. Pour eux, la fin des cookies tiers (par FloC à l’époque), « affectera le marché de la publicité et perturbera le modèle commercial de la presse numérique ». Selon les deux associations, Google ne fera qu’« d’étendre davantage son propre monopole sur les données… Il ne sera plus possible pour des tiers de comprendre et de traiter les enregistrements de données de manière significative ».
En janvier 2021 la Competition and Markets Authority (CMA), l'autorité de la concurrence au Royaume-Uni, a ouvert une enquête afin de déteminer si la fin des cookies tiers n’entrainerait pas une distorsion de concurrence. Pour tenté de désamorcer la polémique, Google s'est engagé de son côté à ce que "les produits publicitaires et les sites Google ne bénéficient pas de traitement préférentiel ou d’avantages". Affaire à suivre.