Le fonds TCI Fund Management appelle Alphabet à suivre l’exemple de ses petits camarades de la Silicon Valley. Soit réduire sa masse salariale et les rémunérations, trop élevées au goût de l’investisseur activiste.
Sur fond de grandes manœuvres de réduction d’effectifs dans la tech américaine, un des actionnaires d’Alphabet demande à la maison-mère de Google de suivre le mouvement. Dans une lettre adressée à Sundar Pichai, le fonds londonien TCI Fund Management réclame que la direction du géant « prenne des mesures agressives ».
Car Google enregistre, comme le reste du secteur, un ralentissement de sa croissance. Pire encore, les revenus publicitaires de Youtube sont, pour la première fois, à la baisse. « Pendant une période de forte croissance entre 2017 et 2021, les revenus ont augmenté à un rythme annuel de 23%, la discipline des coûts n'était pas une priorité. Cependant, la discipline des coûts est désormais requise car la croissance des revenus ralentit » soutient le fonds britannique.
Des salariés trop nombreux…
En juillet déjà, Sundar Pichai a annoncé qu'Alaphabet allait se calmer sur les recrutements « pour le restant de l'année », alors que la société recense 163 000 employés, 17% de plus que l’année précédente. En octobre, le directeur général de Google avait par ailleurs assuré aux investisseurs que l’entreprise réalignait ses ressources vers ses principaux leviers de croissance.
Mais, aux yeux de TCI, « l'entreprise a trop d'employés et le coût par employé est trop élevé ». Selon le fonds, qui assure se fonder sur des « conversations avec d'anciens dirigeants d'Alphabet », la société pourrait fonctionner plus efficacement avec des effectifs moins importants. « Les effectifs d'Alphabet ont augmenté à un rythme annuel de 20% depuis 2017. Ils ont plus que doublé depuis 2017. Cette croissance est excessive, tant par rapport à la croissance historique des effectifs que par rapport aux besoins de l'entreprise ».
… et trop payés
D’autant que, toujours à en croire TCI, Google est bien trop généreux avec ses employés, les rémunérant bien plus que les autres entreprises du secteur. « Rien ne justifie cette énorme disparité » ajoute TCI, visant notamment les salariés effectuant « des tâches générales de vente, de marketing et d'administration ».
Et prière de couper les investissements dans certains « paris » qui ne portent pas leurs fruits. Ces « Other Bets » d’Alphabet n’ont généré que 3 milliards de dollars de revenus cumulés, pour 20 milliards de pertes, ces cinq dernières années. TCI vise principalement Waymo, la filiale voiture autonome de Google, qui « n'a pas justifié son investissement excessif et ses pertes devraient être réduites de manière drastique ».
Moins de cash, plus de valorisation
Dernier point, et non des moindres pour l’actionnaire activiste : Alphabet a bien trop de cash en caisse. « Alphabet a encore plus de 116 milliards de dollars de liquidités au bilan. L'important solde de trésorerie d'Alphabet ne sert ni les actionnaires ni l'entreprise » signale le fonds, qui recommande à la société d’accélérer les rachats d’action, profitant de la faible valeur du titre.
Cette lettre, quoique peu surprenante, est révélatrice des pressions exercées par les actionnaires sur les entreprises du secteur de la tech. Meta a ainsi reçu le même type de missive de la part d’Altimeter Capital, tandis que Starboard Value LP a donné le fond de sa pensée aux directions de Splunk et Salesforce. Et tous ont, ces dernières semaines, coupé dans leurs effectifs. Ce que TCI ne manque pas de rappeler à Google.