Désinformation et manipulation entrent dans la doctrine informatique des Armées

Après la défense et l’attaque, les armées françaises se penchent sur la dimension informationnelle du numérique. Le ministère inaugure sa nouvelle doctrine militaire de lutte informatique d'influence.

 

A la cyberdéfense, Florence Parly avait ajouté en janvier 2019 une dimension offensive. « La France emploie et emploiera l'arme cyber dans ses opérations militaires » expliquait alors la ministre des Armées. Mais le diptyque ne prenait pas en considération une autre forme de conflit dans le cyberespace : la guerre de l’information. C’est pourquoi la ministre est repartie à l’assaut, développant la doctrine militaire de « lutte informatique d'influence », ou L2I.

« L’information fausse, manipulée ou subvertie, c’est une arme. C’est une arme qui a permis à certains groupes terroristes de prospérer, et c’est une arme utilisée avec de plus en plus de résultats par nos compétiteurs stratégiques » souligne Florence Parly. Et la France y est exposée, puisque, démocratie, Internet n’y est pas contrôlé et les citoyens risquent d’être « transformés en acteur des conflits et en véritable proxy de l’adversaire ».

L’information comme une arme

Très concrètement, ces opérations auront pour dessein de « promouvoir l’action des forces armées sur les médias sociaux », « affaiblir la légitimité de nos adversaires » ou encore « appuyer les opérations menées dans le champ physique par des manœuvres de déception ». Le tout sous le commandement du ComCyber.

Dans le cadre de cette nouvelle doctrine, le ministère a réhaussé de 770 son objectif de recrutement de 1 100 « cybercombattants », dont des « spécialistes de l’environnement informationnel et cognitif, linguistes, infographistes, psychologues, sociologues, etc. ». Il dédiera à la L2I une partie de son enveloppe d’1,7 milliard d’euros consacré à la cyber, et envisage l’achat d’outils de big data et d’IA, ainsi que des partenariats avec les « entreprises spécialisées dans le numérique ».

Attention toutefois, pas question de jouer au cowboy. « Les armées françaises ne conduiront pas d’opération informationnelle sur le territoire national. Les armées françaises ne déstabiliseront pas un Etat étranger à travers des actions informationnelles qui viseraient, par exemple, ses processus électoraux » assure Florence Parly. Et respecteront bien évidemment le droit international.