La robotisation et l’IA font aussi peu à peu leur apparition dans les journaux. Mais leur emploi demeure restreint à des informations subalternes et purement factuelles comme des résultats sportifs, électoraux ou des informations météorologiques. Pour le moment.
Cela fait maintenant un peu plus d’un an que Heliograf, le robot-journaliste du Washington Post, est en service. Il a démarré avec les Jeux Olympiques de Rio pour relater quelques scores et a été de plus en plus utilisé pour les élections américaines. Au total, il a publié 850 articles durant l’année 2016. Le cas du Washington Post n’est pas isolé car l’agence Associated Press ou encore le quotidien USA Today font également appel à des automates pour certains articles, notamment des annonces de résultats. Cependant, la démarche du Washington Post est différente dans la mesure ou Heliograf intègre des notions d’Intelligence artificielle.
Jeremy Gilbert, directeur de la stratégie du journal, s’est confié à nos confrères de Digiday pour expliquer le travail de ce « nouveau journaliste ». Sur les 850 articles rédigés en 2016, 500 ont concerné les élections américaines, lesquels ont généré 500 000 clics. Les chiffres sont plutôt faibles mais cela concerne des informations que l’équipe de journalistes n’aurait pas traité faute de temps et de personnel. C’est donc du trafic incrémental. A l’agence AP, on commence également à regarder attentivement l’IA notamment pour la publication automatique des résultats financiers des entreprises. AP considère que l’utilisation du robot permet d’économiser 20% du temps des journalistes pour la couverture de ces résultats financiers.
Le Rouletabille numérique pas pour demain
Heliograf, le robot du Washington Post est également utilisé comme outil de veille, à charge pour lui d’informer les journalistes lorsque surviennent des informations originales ou étonnantes qui nécessitent un traitement particulier. Heliograf est également aujourd’hui employé pour informer les lecteurs de la météo en temps réel. Mais ces outils devraient prochainement aller au-delà. « Pour le moment, le journaliste automatisé a pour objectif de faire du volume. Mais ensuite les médias vont devoir se poser la question d’aller au-delà des pages vues », indique Seth Lewis, professeur de journalisme à l’université de l’Oregon. Il indique que si ce type de robot peut être utilisé de manière profitable pour les médias en les désaisissant des infos à valeur ajoutée faible ou nulle, il indique qu’il faudra de nombreuses années avant que l’IA embarquée dans ces robots permette de couvrir ne serait-ce que les informations locales. Bref, le temps d'un Rouletabille numérique n’est pas encore pour demain.