Deezer a plus de 10 ans, mais n’est toujours pas rentable

Bien connu en France, où il est leader de la musique en streaming, Deezer a déjà plus d’une décennie d’existence. Si l’offre rivalise avec celle de Spotify notamment, le service français peine encore à s'imposer dans le monde. En 2016, il perdait encore 60 millions d’euros. 

Deezer, c’est avant tout une belle histoire. Celle de BlogMusik.com, un site lancé par Daniel Marhely né d’une simple idée de partage de musique entre amis. Rapidement fermée à cause de (ou grâce à) la Sacem, le site mue en Deezer.com en 2007. Daniel Marhely en est à l’origine avec Jonathan Benassaya. Le site de streaming musical est un pionnier, qui a vu le jour à peu près au même moment que celui qui est devenu son principal concurrent : le Suédois Spotify.

Au début, les deux sites jouent à armes égales. Mais, rapidement, le concurrent venu du Nord prend les devants, et se pose en leader sur la scène internationale. Aujourd’hui, il compte plus de 60 millions d’abonnés payants. Une prouesse, alors que Deezer peine à dépasser les 9 millions. En 2016, il affiche un chiffre d’affaires de 300 millions d’euros, pour 60 millions d’euros de perte nette, là où Spotify passe les 3 milliards de dollars de chiffre d’affaires.

Quel avenir pour Deezer ? 

Dans un article au long cours, Reuters tente d’expliquer la stratégie de Deezer. Emmené par Hans-Holger Albrecht, son PDG, le site français cherche à prendre des parts de marché partout où la concurrence n’a pas encore vraiment mis les pieds. Il s’agit notamment de cibler des pays d’Amérique du Sud, d’Asie et d’Afrique. « Je crois fermement dans la stratégie de localisation du contenu », explique Hans-Holger Albrecht. Mais surtout, il capitalise sur une donnée importante : le marché de la musique streaming, qui est encore loin d’être arrivé à maturité. On évoque un taux de pénétration d’à peine 10% dans le monde. 

Si le marché est prometteur, Deezer doit aussi faire face à une menace d’un nouveau genre. Pionnier, il n’est pas pour autant un leader. Devant lui en termes d’abonnés on retrouve donc Spotify, mais aussi Apple Music et Amazon. Pour Hans-Holger Albrecht, la stratégie doit donc passer par la localisation du contenu, mais aussi et surtout par la découverte et la promotion de nouveaux artistes. Pas simple, mais intéressant : ce faisant, cela permet à Deezer de s’affranchir de la dépendance vis-à-vis des labels. D’où le lancement de Deezer Next, dont le but est justement de faire découvrir des talents. 

Malgré ses 10 ans et une bonne réputation en France, Deezer doit donc encore passer plusieurs caps avant d’atteindre son réel potentiel. S’il en a le temps car rappelons que depuis septembre 2016, le fonds Access Industries a pris le contrôle du site de streaming. Ce fonds est propriété du milliardaire ukrainien Len Blavatnik, lequel songerait plutôt à un rapprochement avec une autre entreprise, Warner Music étant le nom le plus souvent cité.