Tout savoir sur l’ICO du Français DomRaider

Spécialiste du « drop catching », la start-up française DomRaider va prochainement boucler son ICO (Initial Coin Offering), sa levée de fonds en cybermonnaies. Son CEO Tristan Colombet nous explique le déroulement et le fonctionnement de cette opération. 

« Ce projet a généré chez nous beaucoup d’interrogations, de travail. Il nous a aussi amené à défricher des sujets entiers sur de nombreux d’aspects, juridiques, légaux, etc. Mais nous y sommes parvenus : nous avons ouvert la voie ! ». Modeste, le PDG de DomRaider Tristan Colombet a presque tendance à minimiser ce qu’il vient d’accomplir : la première ICO (Initial Coin Offering) d’une entreprise 100% française. Le seul précédent exemple que nous ayons trouvé est celui de la start-up franco-chinoise iEx.ec qui en avril dernier avait levé 12 millions de dollars en l’espace de quelques heures

L’ICO de DomRaider prendra fin mi-octobre. Le montant total levé sera dévoilé à ce moment-là, mais devrait dépasser les 35 millions d’euros. Ce sera la conclusion d’un projet qui aura duré 6 mois au total et qui, à écouter Tristan Colombet, s’est finalement presque présenté comme une évidence. « Nous étions d’abord confrontés à l'évolution de notre métier qui nous emmenait naturellement vers les technologies blockchain », explique-t-il tout d’abord. En plus de cette facette, d’autres éléments l’ont convaincu de se lancer dans une ICO. En premier lieu le caractère communautaire qui, contrairement à une opération de financement classique qui touche un nombre limité de personnes, « permet de communiquer sur le produit auprès de la communauté qui devient naturellement porteuse du projet ». Enfin, une ICO s’adressant aux investisseurs en cybermonnaies, elle est par nature internationale et ouvre « des opportunités de financement très supérieures en termes de montants à lever ».

Mise en place et accompagnement

Tristan Colombet le reconnaît volontiers : les compétences techniques sur la blockchain au sens large étaient limitées en interne. C’est pourquoi, au-delà des aspects juridiques ou comptables par exemple, DomRaider a aussi fait appel à des experts « dont Vidal Chriqui qui a écrit le contrat intelligent ». Depuis, la start-up française a renforcé ses effectifs en la matière et continue à recruter sur ce secteur. « Par ailleurs, nous nous sommes occupés nous-mêmes des autres aspects, de la collecte de fonds notamment », ajoute le PDG. 

Il faut rappeler qu’avant de se lancer dans l’aventure, DomRaider a cherché des entreprises capables de l’accompagner. Des spécialistes comme Token Market notamment ont été sondés mais d’une part ils étaient déjà très sollicités, d’autre part « nous avons senti qu’ils cherchaient à créer un modèle standard et en quelque sorte à industrialiser le process. C’est ce qui nous a fait renoncer, par peur d’être noyé dans la masse », souligne encore Tristan Colombet. C’est d’ailleurs une bonne leçon pour ceux qui envisagent de lancer une ICO : les offres « packagées » ainsi proposées ne permettent pas vraiment de répondre aux spécificités d’une entreprise et de ce qu’elle cherche par ce biais. « Finalement, nous avons opté pour un pilotage en interne en nous entourant de multiples conseils » comme ceux de Laurent Leloup de Chaineum, le premier de la liste, de Simon Polrot sur la partie fiscale ou de Hubert de Vauplane sur la partie réglementaire. 

Le PDG Tristan Colombet de DomRaider juge les discussions avec l'AMF "très positives".

C’est ce dernier qui a permis d’initier un dialogue, créer une relation entre DomRaider et l’Autorité des Marchés Financiers. Tristan Colombet a d’ailleurs eu l’occasion de répondre à certaines de leurs questions. « Les discussions ont été très positives. Je les ai trouvés réellement à l’écoute. Ils appellent naturellement à la vigilance vis-à-vis des risques éventuels mais réfléchissent aussi de manière constructive à l’encadrement de ce nouveau mode de financement alternatif », précise le créateur de la start-up. 

Concrètement, comment ça marche ? 

En lançant son ICO, DomRaider a en fait proposé plusieurs choses : l’achat de jetons virtuels appelés « tokens » de manière générique, et « DomRaider tokens » (« DRT ») dans le cas qui nous intéresse ici. 350 millions de tokens étaient disponibles à la vente sur 1 milliard émis au total. La quantité initiale ayant rapidement été vendue, « nous avions contractuellement prévu, comme c’est le cas dans certaines introductions en bourse, d’augmenter le nombre disponible ». Au total, ce sont 560 millions de tokens qui sont à disposition. Leur valeur unitaire est de 0,10 euro. Actuellement, plus de 417 millions ont été vendus. 

A quoi servent ces tokens ? Deux utilisations : la première est purement spéculative. Effectivement, ces jetons DRT seront échangeables sur les places de marché. Il sera possible d’échanger des DRT contre des Bitcoins ou des Ether par exemple. La deuxième est plus intéressante car ces tokens seront « des outils utilisables qui serviront de moyens de paiement pour notre réseau d’enchères. Ce sera aussi une monnaie d’échange pour payer un prestataire de l’écosystème par exemple », précise Tristan Colombet. Ce mécanisme est d’ailleurs intéressant car, comme l’a noté Jeremy Epstein, le CEO de Never Stop Marketing, il mixe à la fois l’économie des tokens avec des mécanismes d’acquisition client.

Enfin pour DomRaider, cette levée de fonds peu ordinaire sera l’occasion notamment d’accélérer son travail de R&D ainsi que son développement à l’international. Mais aussi de créer des emplois. Comme quoi, l’aspect « virtuel » des cybermonnaies rencontre bien un écho dans le monde réel. 


Dropcatching : une spécialité de DomRaider

Dropwhat ? Le drop catching, dont s’est fait une spécialité le Français DomRaider, est une technique de capture des noms de domaines expirés. Elle est particulièrement utilisée dans le e-marketing car son principal avantage est l’amélioration du classement Google. La start-up a surtout développé un algorithme qui permet d’identifier et d’acheter rapidement des noms de domaines après expiration. Ainsi, le nouvel acquéreur profite en fait de l’historique de référencement, de ses backlinks, etc.