C’est l’énigme des start-up du 21ème siècle. Soit ses dirigeants sont des génies, voire des manipulateurs, soit leur promesse est grandiose, ou « magique ». Car Magic Leap vient de boucler un troisième tour de table : 502 millions de dollars auprès du fonds singapourien Temasek Holdings en chef de file. Cette somme s’ajoute aux deux tours de table précédents de respectivement 542 millions de dollars (2014) et 793 millions de dollars (2016). Rangez vos calculettes : 1,837 milliard de dollars. Une somme rondelette.
La rumeur de cette dernière levée de fonds est apparue en septembre dernier. A l’époque, nous rapportions qu’avec cette nouvelle récolte, Magic Leap est désormais valorisée 6 milliards de dollars. Pas mal pour une boîte qui n’a pas montré ne serait-ce que l’esquisse d’un projet viable ! La start-up est pourtant abondée financièrement par des pontes comme Google, Alibaba ou le célèbre fonds Andreessen Horowitz. Tous se sont penchés au-dessus du berceau de Magic Leap. Mais les bonnes fées se brûlent-elles les ailes ?
"Supercherie" ?
Car, en décembre 2016, des nuages noirs s’amoncelaient au-dessus de la Floride : nos confrères de The Information rapportaient que les développements étaient très en retard, et que le produit était alors bien moins bon que ce que proposait alors un Microsoft HoloLens. Le mot « supercherie » a même été lâché. Les vidéos sensationnelles postées sur YouTube seraient des leurres ; du plus bel effet, mais des leurres réalisés avec un studio FX.
Magic Leap détiendrait toutefois des brevets intéressants, portant notamment sur la projection de champs lumineux sur la rétine. C’est cette technologie qui attiserait les convoitises des investisseurs. La possibilité qu’aucun produit Magic Leap ne voit le jour est donc désormais probable. Et ce ne serait pas la première fois qu’une entreprise réussirait à jouer un tour aux financiers. A Palo Alto, l’aventure de la start-up Theranos, qui voulait révolutionner les tests sanguins, a capoté. Valorisée jusqu’à 9 milliards de dollars, elle a licencié une grande partie de son personnel et a changé de cap stratégique. On pense aussi au désastre de Juicero qui se voulait le Nespresso du jus de fruit. Elle vient de jeter l'éponge après avoir collecté en 4 ans 118,5 millions de dollars auprès des investisseurs.