Un robot peut-il être citoyen d’un Etat ? Cette question mérite bien d’être débattue mais Riyad ne s’est pas embarrassé d’attendre une réponse : le royaume vient de donner la citoyenneté à Sophia, un robot humanoïde.
Du 24 au 26 octobre se tenait à Riyad la Future Investment Initiative. Cette plateforme de débats et de discussions a vu s’exprimer Peter Thiel, Andrew McAfee, Arianna Huffington, Nicolas Sarkozy ou encore Sophia. Qui est Sophia ? Un robot humanoïde, clairement dans la vallée de l’étrange, conçu par l’entreprise hongkongaise Hanson Robotics. Ce nom vous évoque quelque chose ? Sophia a déjà fait parlé d’elle lors du SXSW 2016, où elle disait vouloir détruire l’humanité…
Humour robotique ou naissance de Skynet, toujours est-il que Sophia avait suscité bien des débats. Qu’elle balaye sur la scène de la Future Investment Initiative. Elle assure vouloir travailler avec les humains et parle de bienveillance et de compassion. « Je veux aider les humains à vivre une vie meilleure, en imaginant des maisons intelligentes, en construisant les villes de demain » explique-t-elle. Et se veut rassurante sur la destruction de l’humanité par les robots. « Vous lisez trop Elon Musk et regardez trop de films d’Hollywood » rétorque-t-elle à son interlocuteur avec humour (sans doute).
Robots < femmes et immigrés
Surtout lors de cette « keynote », l’animateur révèle à Sophia qu’elle a obtenu la citoyenneté saoudienne. C’est, de mémoire, la première fois qu’un Etat confère une nationalité à un robot. L’humanoïde se dit « honorée et fière de recevoir cette distinction unique » mais on ignore comment se traduit cette citoyenneté nouvelle en droit. Riyad se présente en accordant la citoyenneté à Sophia comme un pays résolument tourné vers la technologie et la modernité.
Mais ce faisant cette décision soulève d’autres questions, par exemple la nationalité des robots. Plus encore, ce sont des questions de société qui sont posées sur les réseaux sociaux. Sophia utilisant une apparence féminine, cette « naturalisation » fut l’occasion de pointer du doigt les conditions de la femme en Arabie Saoudite, ainsi que celles des travailleurs étrangers, un Twittos éclairé signalant que Sophia jouira de plus de droits que nombre de travailleurs immigrés du royaume.