A moins de vivre coupé de tout moyen de communication, la paralysie du trafic ferroviaire en gare de Montparnasse hier ne vous aura sans doute pas échappé. La panne a été expliquée en fin d’après-midi par un porte-parole de la SNCF : un « bug informatique ».
Dans le cadre de la modernisation de son réseau, la SNCF centralise les centres d’aiguillages, passant de 1 500 postes répartis dans toute l’Hexagone à seulement 16 sites régionaux. Lesquels sont plus ou moins automatisés, gérés par des systèmes pilotant les enclenchements d’aiguillages. Si le dispositif devait tomber, impossible de faire circuler les trains, puisque l’orientation des aiguillages n’est plus connu.
C’est peu ou prou ce qu’il s’est passé hier en tout début d’après-midi à Montparnasse. Devait être déployé un nouveau programme sur ce système informatique datant de 1989, selon le porte-parole entendu hier. Il s’agissait d’augmenter la capacité de la gare de 9 à 11 TGV par heure, de sorte à pouvoir accueillir les Ouigo qui, pour l’heure, s’arrêtent en lointaine banlieue, à Massy. Sauf qu’une ligne de code défaillante, dont on ne connaît pas encore la nature exacte, se glissait dans la nouvelle application.
Dix minutes après la mise en service, le bug survient, paralysant la gare. Il aura fallu plusieurs longues heures d’examen du code pour dénicher l’erreur, avant de la corriger. Une défaillance informatique, ça arrive : aucun programme n’est parfait. Mais l’incident aurait-il pu être évité ? Selon le syndicat de cheminot FiRST, le premier problème est l’absence de PCA. « La SNCF ne semble pas avoir fait figurer, ni dans le cahier des charges, ni dans la conception de ces postes informatisés, de possibilité de gestion des circulations en mode dégradé » écrit le collectif dans un communiqué.
Massy, c’est loin
Conjuguée à l’extension du territoire couvert par chaque poste de commande et à « l'imbrication à l'extrême des dispositifs de gestion des circulations », la panne aboutit à la paralysie totale du trafic sur une zone importante, « un effet domino » que dénonce le syndicat. Celui-ci appelle à « remettre à plat les cahiers des charges et la conception des postes informatisés en service ou à construire avec un impératif : une seule panne ne doit jamais aboutir à une paralysie totale du trafic » et à « revenir à des périmètres de gestion des trafics plus raisonnables ».
On pourrait également conseiller à la SNCF d’examiner le code de ses applications en profondeur avant leur passage en prod. Elisabeth Borne, la ministre des Transports, avait convoqué ce matin Patrick Jeantet, Président directeur général de SNCF Réseau. D’ici la fin de la semaine, ce dernier devra présenter « une nouvelle organisation et un nouveau management de la gestion des grands travaux et de l’ingénierie ». En outre, « SNCF Réseau lance par ailleurs immédiatement un audit de ses programmes de tests et de remise en service à la fin des grands chantiers ».