L’Alliance Française Île de France vient d’écoper d’une amende de 30 000 euros de la part de la Cnil. La raison de cette sanction pécuniaire ? Evidemment un défaut de sécurisation des données personnelles des usagers de l’association, qui donnait accès en ligne à divers documents personnels par un simple identifiant contenu dans l’URL.
A force d’amendes et de mises en demeure, ça va peut-être finir par rentrer ! Des chemins d’URL différents ne sécurisent pas les documents en ligne, qui sont toujours accessibles librement sur le Net pour peu que l’on change quelques caractères à l’URL. De nombreuses organisations ont déjà eu droit aux foudres de la Cnil quant à ce défaut de sécurisation de données personnelles : c’est désormais au tour de l’Alliance Française Ile-de-France.
En novembre 2017, le gendarme des données personnelles est informé « de l’existence d’un défaut de sécurité sur le sous-domaine portail.alliancefr.org faisant partie du site web www.alliancefr.org exploité par l’association pour les besoins de son activité », à savoir donner des cours de français. Le mois suivant, la Cnil débute son enquête et constate qu'en changeant une valeur X de l’URL https://portail.alliancefr.org/utilisateur/telecharger_document?id_document=X , (où X représente un nombre entier), elle réussissait à accéder à 15 611 documents, certificats d’inscription en stage, factures et autres, « qui contenaient tous au moins un nom et un prénom et qui pour certains, contenaient également une adresse postale et une nationalité ».
Avertie, l’Alliance Française s’engage à corriger cette erreur au plus tôt. Trois mois plus tard, en février dernier, une délégation de la Cnil rend visite à l’association. Elle y constate « que les documents qu’elle avait téléchargés au cours du contrôle en ligne du 4 décembre 2017 étaient toujours accessibles à partir des mêmes adresses URL et que 413 144 documents étaient accessibles ». L’AF Île-de-France se défend en expliquant que son portail avait été réalisé par un prestataire avec lequel elle est en litige, et qu’elle a fait constater par huissier l’existence du défaut de sécurité après le premier passage de la Cnil.
Authentifiez-vous !
Toujours est-il que le défaut de sécurité n’avait pas été sécurisé. Le mois suivant, l’association signale à la Cnil que les correctifs ont été mis en place. Mais la machine était en marche d’autant qu’entre temps la Cnil a été informée que le problème avait été signalé en juillet 2017 à l’Alliance Française. Dans sa décision en date du 6 septembre, l’autorité rappelle que « la circonstance selon laquelle une violation de données ait pu avoir pour origine une erreur commise par un sous-traitant est sans influence sur l’obligation pesant sur le responsable de traitement d’assurer un suivi rigoureux des actions menées par ce dernier ».
La mise en place de mesures de sécurité des données est une obligation incombant au responsable des traitements, ajoute la Cnil. Laquelle a par ailleurs publié un guide des défauts de sécurité des sites Web, parmi lesquels figurent l’absence de règles d’authentification à un compte et l’accessibilité à un compte ou à des documents personnels depuis une URL incrémentale. L’Alliance Française Île-de-France a été en conséquent condamnée à une amende de 30 000 euros (et oui, elle peut faire appel de cette décision devant le Conseil d’Etat, à l’instar de toute décision prononcée par la Cnil).