Après avoir mis le holà à la vente de produits technologiques chinois sur le territoire américain, la Maison Blanche semble désireuse de tempérer les ardeurs des entreprises voulant mettre un pied en Chine. Dans le viseur du vice-président, le projet de moteur de recherche censuré de Google.
On ne sait rien de Dragonfly ce projet de Google d’un moteur de recherche spécifique à la Chine, dont le géant a admis l’existence à demi-mot. Ce qui n’empêche pas les élus américains d’avoir un avis sur le sujet. En septembre, après les révélations de The Intercept à ce sujet, un panel de sénateurs et de représentants des deux bords avaient écrit à Sundar Pichai, lui faisant part de leurs inquiétudes à ce sujet.
C’est désormais au tour de Mike Pence, le Vice-Président, de prendre position sur la question. Lors d’un discours donné au think tank conservateur Hudson Institute, il a soutenu que « Google devrait sans attendre cesser le développement de son moteur de recherche Dragonfly qui va renforcer la censure du Parti communiste et s’insinuer dans la vie privée des utilisateurs chinois ». Un fin observateur nous fait à ce propos remarquer qu’il serait bien dommage que Google ne puisse « s’insinuer » dans la vie privée des citoyens chinois comme il le fait pour l’ensemble de ses utilisateurs dans le reste du monde.
« Il existe un nouveau consensus sur la montée en puissance de la Chine à travers l'Amérique », a expliqué Mike Pence. Selon lui, les entreprises américaines doivent y « réfléchir à deux fois avant de mettre pied sur le marché chinois si cela signifie renoncer à leur propriété intellectuelle ou s’incliner devant la répression exercée par Pékin ». En pleine guerre commerciale entre Washington et Pékin, le projet rencontre une forte opposition.
Google viole sa propre charte éthique
Les rares informations qui nous parviennent sur Dragonfly sont issues du témoignage dans The Intercept d’un ancien salarié de Google, Jack Poulson. Celui-ci a démissionné de l’entreprise fin août, protestant contre l’existence du projet. Si nos confrères notent qu’il n’a pas travaillé directement sur le projet et n’en avait pas connaissance avant que l’affaire s’ébruite, l’ingénieur a discuté du sujet avec sa hiérarchie.
Outre la censure pratiquée par Dragonfly sur ordre de Pékin (avec des listes noires de mots clés), Jack Poulson s’inquiète surtout des conséquences de l’hébergement des données sur le territoire chinois « où elles seraient accessibles aux agences de sécurité chinoises bien connues pour leurs attaques contre les militants politiques et les journalistes ». Une position qui était celle de Sergey Brin en 2010, époque où Google avait cessé de collaborer avec le gouvernement chinois en protestation du non-respect des droits de l’Homme par les autorités.