Spoiler : oui, il le peut. Le géant de Mountain suggère qu’il pourrait jouer le bras de fer face à Bruxelles et aux éditeurs de presse si jamais l’article 11 de la directive sur le droit d’auteur, en cours de discussion après son adoption par le Parlement européen, devait être laissé tel quel.
La directive sur le droit d’auteur est en cours de finalisation par les instances européennes, après son adoption par le Parlement en septembre dernier. Si les grands acteurs du Web n’apprécient guère certaines des dispositions du texte, Google est tout particulièrement remonté. L’objet de son ire : les articles 11 et 13 de la directive.
L’article 13, qui prévoit une obligation de filtrage et de retrait automatisé des contenus enfreignant le droit d’auteur, a déjà été battu en brèche par la patronne de YouTube, Susan Wojcicki, qui appelait le mois derniers les vidéastes à protester contre un texte qui menace leur liberté artistique. Plus récemment, c’est dans le Guardian que le responsable des relations avec les médias de Google, Richard Gingras, a descendu l’article 11 en flèche.
Celui-ci stipule en effet que les sites d’information pourront exiger une contrepartie financière des agrégateurs d’actualité indexant leurs contenus (y compris s’il s’agit du seul titre et d’un lien redirigeant vers le contenu). Impensable pour Google, qui explique songer à fermer son service Actus en Europe. Ce ne serait pas la première fois, rappelle Richard Gingras. En 2014, l’Espagne passait une loi similaire, consistant à faire payer par Google l’agrégation de liens.
Google le doigt sur la gâchette
En réaction, le géant avait purement et simplement fermé le service dans le pays. Ce qui a entraîné, selon le patron de Google News, une chute drastique du trafic des sites d’actualité espagnols. Autre cas, en Allemagne, les éditeurs de presse pouvaient demander de Google, là encore, qu’il paie pour faire figurer leurs articles dans Google Actus. L’un des géants du secteur, Axel Springer, ne s’était pas fait prier. Une nouvelle fois, Mountain View avait riposté en n’indexant plus les titres du groupe.
Au final, Axel Springer avait fait marche arrière après que la fréquentation de ses sites ait dégringolé, son CEO expliquant des années plus tard que continuer à exiger de Google qu’il paie aurait été un suicide pour le groupe de presse. « Nous ne pouvons pas prendre de décision avant de voir le texte final » tempère Richard Gingras. « Pour le moment, nous voulons travailler avec les parties prenantes ». Mais la menace n’est pas voilée : l’article 11 laissé tel qu’adopté par les eurodéputés aura pour conséquence, selon Google, de réduire l’audience des sites d’information sans que leurs éditeurs n’aient l’assurance de percevoir une quelconque rémunération.