Dataworks Summit : CDP ne fera pas l'impasse sur les partenaires

A l'occasion du Dataworks Summit, nous avons pu nous entretenir avec Romain Picard, le vice-président Sales pour la zone Europe du Sud chez Cloudera. Fusion, stratégie en France, RGPD et écosystème partenaire étaient au menu de cette interview.

L'Informaticien : quelle est la stratégie de Cloudera post-fusion pour votre région, l'Europe du Sud [qui comprend également le Moyen Orient] et en particulier pour la France ?

Romain Picard : On croit fortement et depuis dix ans que les données sont essentielles pour les entreprises et notre mission est de leur permettre de bénéficier de notre Cloud Platform pour tirer de la valeur de ces données-là, que ce soit de l'analytique standard, de l'analytique avancée ou des choses un peu plus subtiles telles que le machine learning. 

Pour l'Europe, c'est la même stratégie. J'aime bien dire « Think global, act local », c'est-à-dire qu'on décline localement la stratégie de Cloudera au niveau mondial. La particularité, c'est que l'Europe a besoin de localiser son business, c'est très important : on doit être proche des clients et des partenaires. 

La France c'est le plus gros pays au niveau de l'Europe du Sud, j'ai deux directeurs commerciaux et dix commerciaux en France, sur un effectif de quarante personnes, avec évidemment un parc de clients qui s'est agrandi depuis la fusion, donc on est très contents car comme vous le savez Cloudera et Hortonworks attaquaient le même marché avec le même message et des technologies différentes. Donc cette fusion nous apporte des synergies importantes.

Effectifs en France doublés

Quels étaient les enjeux de la fusion à votre niveau ?

Pour la région Europe du Sud, Hortonworks et Cloudera étaient présents à taille à peu près égale en France. La fusion s'est plutôt très bien passée, on a doublé les effectifs en France, en Espagne, en Italie et au Moyen-Orient, pas parce qu'il y a un héritage de chaque côté mais parce qu'il y a un potentiel énorme dans la région.

Sur un tout autre sujet, mais très européen, le RGPD est-il une opportunité ou un frein potentiel au Big Data ?

C'est une opportunité et c'est surtout de nombreuses discussions avec nos clients. Vous avez ce que nous appelons l'Enterprise Data Cloud, c'est-à-dire de multiples types d'analyses de données sur des environnements hybrides. Quand les données sont donc stockées et traitées soit dans des clouds publics, soit privés, soit dans leurs propres datacentres, une couche importante de cette architecture, ce qu'on appelle le Shared Data Experience, consiste à pouvoir contrôler les accès, gérer les métadonnées et les schémas de données etc. à un même endroit. Soit s'assurer qu'on ait une bonne utilisation des données et contrôler qui y a accès et ce qui en est fait. 

Le RGPD, c'est donc une opportunité parce que si on regarde le paysage IT des clients ces trente dernières années, ils ont des données un peu partout, c'est un mille-feuille qui ne leur permet pas de pouvoir gouverner cet accès et usage des données. Il y a un besoin de simplification : aujourd'hui, au-delà des besoin du métier, on a la possibilité de permettre aux clients de développer leurs business, de les connecter et/ou de les protéger. Ce sont les trois piliers de la valeur qu'apporte Cloudera à ses clients.

Un point de convergence

Avec Cloudera Data Platform, on a vu que des outils permettront au client d'effectuer la migration depuis HDP ou CDH. Quel modèle économique et quelle politique de migration avez-vous choisi ? Et surtout comment s'articule cette dernière avec vos partenaires ?

D'abord, sur la partie produits, on avait deux plateformes [Cloudera Data Hub et Hortonworks Data Platform nldr], on a décidé clairement de n'en avoir qu'une, CDP, sur laquelle nous avons une roadmap très précise. La première chose à mentionner peut-être est que Cloudera s'est engagé auprès des clients legacy d'Hortonworks et de ceux de Cloudera de continuer à maintenir leurs plateformes respectives avec un point de convergence afin que tous les clients puissent avoir la possibilité quand ils le souhaitent de migrer sur la nouvelle plateforme. 

CDP, c'est déjà le meilleur des deux plateformes et on a déjà fait des annonces importantes sur la roadmap quant aux fonctionnalités à venir. Derrière, la stratégie de migration, elle est très simple. L'expertise de Cloudera tout comme l'expertise de nos partenaires vont être mises à disposition de nos clients. Il y a des clients qui vont choisir de faire appel à nos partenaires et d'autres qui décideront de faire leur migration eux-mêmes, en fonction d'un timing qui leur convient et qui ne met pas à risque les workloads et les cas d'usage déjà en production. Après, s'ils souhaitent bénéficier de l'expertise de Cloudera ils l'auront, on facilitera ces migrations via des outils. Je parlais tout à l'heure du Shared Data Experience, qui apporte aussi des outils de migration.

Former les partenaires en temps réel

Avez-vous déjà des retours de l'écosystème partenaires, éventuellement des craintes quant à voir les migrations leur échapper ?

Les clients comme les partenaires sont très contents. CDP va simplifier certaines problématiques, notamment la formation puisqu'il s'agit non plus de deux plateformes mais d'une seule unifiée. Cloudera doit exécuter sa roadmap et en sortant les releases on va former les partenaires, le plus possible en temps réel, à manager et à opérer sur cette plateforme. Il y a une latence, qui est normale, mais tout le monde est énormément demandeur à avoir des ressources et de la formation sur cette roadmap. 

Quand je disais plus tôt que la société a doublé, cela concerne également l'écosystème partenaire puisque si Hortonworks et Cloudera avaient de nombreux partenaires en commun, nous avons découvert lors de la fusion qu'il y avait de part et d'autres des partenaires propres à chacun. Il y a tout de même un gros travail à faire et à continuer sur la formation de ressources et de compétences qui sont rares mais dont nos clients sont très demandeurs. Les partenaires, intégrateurs, conseils, ESN, sont cruciaux pour notre développement, d'autant que l'Europe du Sud est très « partenaire-oriented ». Dans la région, entre 70 et 75% du business est fait soit via soit grâce à un partenaire. Donc c'est crucial !