Compliance.ai est une jeune compagnie qui a mis deux ans et demi à mettre au point une plate-forme pour la gestion de la conformité dans le secteur financier qui s’appuie sur des éléments d’intelligence artificielle et d’apprentissage machine.
Plus que le nombre de nouvelles règles qui régentent le secteur financier, le nombre de changement des règles est spectaculaire. Selon Kayvan Alikhani, le CEO et fondateur de Compliance.ai, 25 à 30 % du temps des équipes en charge de la conformité dans les banques ou les assurances est occupé par la traque à ces changements dans les différentes sources d’information réglementaires ou législatives.
Un même quart de leur temps est pris pour mettre en place les changements de ces règles. Selon les métriques de l’éditeur, cela représente 6 ETP (équivalent temps plein) pour chaque milliard de dollars sous gestion dans les institutions. En fait le rythme est tel que les institutions financières ne peuvent suivre avec leurs outils traditionnels ce qui se traduit par des amendes importantes ou des manques à gagner conséquents. Depuis 2009 cela a coûté aux différentes institutions financières 342 milliards de dollars d’amendes et représenté un manque à gagner de 850 milliards de dollars en profits perdus pour les 50 premières banques mondiales. Par ailleurs le marché adressable des sociétés en charge de la gestion de la conformité réglementaire est de 5 milliards de dollars par an rien que pour les USA.
On comprend que l’entreprise ait déjà levé 7 millions de dollars pour continuer son développement sur un secteur qui se place en pointe par les économies qu’il peut faire réaliser aux institutions financières en automatisant le contrôle de la conformité. Le point d’entrée de la solution est le côté métier ou les services d’innovation comme les data labs des grandes entreprises pour démontrer par des bancs d’essai la pertinence de la solution.
Une plate-forme complète
La plate-forme de Compliance.ai permet de collecter les multiples sources d’informations, de les classifier, les analyser puis de réaliser des rapports permettant de visualiser les actions à entreprendre pour suivre les changements apportés à une règle de conformité. Ces rapports permettent de plus de conserver les différentes actions effectuées ainsi que de suivre l’allocation des tâches pour un audit de conformité. La plate-forme permet de plus d’expliquer comment le changement a été réalisé et par qui évitant le côté boîte noire que peuvent avoir certaines solutions ayant recours à l’apprentissage profond ou l’intelligence artificielle. L’entrainement des algorithmes est supervisé par des experts dans le domaine de la conformité pour affiner la performance et l’exactitude des résultats. « En dessous de 90 %, nous ne remontons pas à la surface le résultat » indique Kayvan Alikhani. La solution s’appuie sur de nombreuses briques open source comme Postgre, Python, JSON… mais les algorithmes d’analyse des données sont retravaillés à partir de librairies publiques. Les méthodes d’entraînement sont propriétaires. Kayvan Alikhani pense d’ailleurs que de partir de la feuille blanche dans ce domaine est totalement irréaliste. L’architecture de la solution repose sur des containers et un orchestrateur propriétaire. La solution supportera 12 langues différentes dont le français à la mi-2020.
Du nouveau à venir
Bien que jeune, la solution est déjà très complète mais de nouvelles fonctions sont en préparation comme la comparaison entre un projet de réglementation et sa version finale pour mettre en exergue les changements intervenus. Cette fonction va s’appuyer sur l’analyse ligne à ligne du document pour y déterminer le changement des obligations qu’implique le texte. L’éditeur va de plus ajouter la possibilité de déployer la solution dans un cloud privé. Cette dernière possibilité est une demande des utilisateurs qui souhaitaient avoir une autre manière de déployer que comme actuellement sur AWS. Ces nouveautés devraient être disponibles courant 2020.
Kayvan Alikhani le CEO de Compliance.ai lors de sa présentation