Alors que son avenir en France (du moins pour ses antennes 5G) est soumis au bon vouloir du gouvernement, Huawei tente un coup de force en annonçant l’installation en France d’une usine fabriquant des équipements 4G et 5G à destination de ses clients européens.
Orange et Free ont d’ores et déjà annoncé qu’ils auraient recours aux solutions de Nokia et d’Ericsson sur leurs futurs réseaux 5G. Mais du côté de SFR et Bouygues, la situation est plus compliquée : les deux opérateurs dépendent des équipements de Huawei. Or l’utilisation du matériel du constructeur chinois est suspendue au bon vouloir de Matignon et de l’Anssi, sur fonds de tensions entre Washington et Pékin, le premier accusant tous azimuts Huawei d’à peu près tous les maux, surtout de représenter un risque pour sa sécurité nationale et celle de ses alliés.
Et si Huawei a lancé depuis plus d’un an une vaste opération séduction en Europe, le blocage des autorisations de déployer ses équipements pour les réseaux 5G de Bouygues et de SFR tend à démontrer que ses efforts ont été vains. C’est alors qu’hier le fabricant chinois a sorti une énorme carotte. Dans un communiqué, le géant de Shenzhen a annoncé qu’il ouvrira une première usine hors de Chine. Et c’est en France que s’installera cette manufacture « hautement automatisée et intelligente […] spécialisée dans les équipements 4G et 5G ».
200 millions d’euros d’investissement
Et de l’Hexagone Huawei compte inonder ses clients européens. L’entreprise explique avoir choisi la France du fait de sa position géographique « idéale », de son « infrastructure industrielle mature » et de son « bassin de main-d'œuvre hautement qualifiée ». Et autant dire que le géant brosse les autorités dans le sens du poil : d’une part, le site fera appel pour sa production à des « partenaires locaux » et représente pour le Chinois un investissement de 200 millions d’euros, qui produira l’équivalent d’un milliard d’euros de produits et créera directement 500 emplois.
D’autre part, l’installation sera dotée d’un centre de démonstration, présentant la production de la station de base sans fil, le logiciel et les processus de test. Le tout étant totalement ouvert aux opérateurs, ainsi qu’aux gouvernements et autres autorités étatiques, « apportant la preuve de la position positive de Huawei sur l'appel de l'Europe à sa souveraineté numérique ». Si avec de telles déclarations d’amour les autorités nationales ne lui ouvrent pas grand les bras…