La Norvège suspend son application de contact tracing

Smittestopp est l’équivalent norvégien de notre Stop Covid hexagonal. Si, pour la France, on ignore encore l’efficacité réelle de l’application de contact tracing, la Norvège a pour sa part décidé de la suspendre et de supprimer toutes les données collectées, son impact sur la confidentialité des données étant considéré disproportionné par rapport à sa finalité.

Sur la question du proximity (ou contact) tracing, la Norvège avait de l’avance sur nous. Son application, baptisée Smittestopp, a été lancée dans le pays scandinave en avril, près de deux mois avant notre StopCovid national. Et est utilisée par quelque 600 000 Norvégiens, pour 1,6 million de téléchargements, un chiffre loin d’être négligeable selon l’autorité de santé norvégienne, le FHI (Folkehelseinstituttet), dans un pays qui compte moins de 6 millions d’habitants.

Pourtant, si son efficacité n’est pas en question, Smittestopp va être suspendu, a annoncé l’agence sanitaire norvégienne. Une décision qui fait suite à l’avis rendu par l’autorité en charge de la protection des données personnelles, le Datatilsynets. Celui-ci considère en effet que l’application “ne peut plus être considérée comme un empiètement proportionné sur les droits fondamentaux des utilisateurs en matière de confidentialité”, selon son patron Bjørn Erik Thon, puisque la propagation de l’épidémie en Norvège est “minime” (8 647 cas et 242 décès) et ne justifie pas le recours à ce type de solutions intrusives, d’autant que son adoption est “faible”, avec 14% de la population de plus de 16 ans.  

Une question de proportionnalité

Nous avons également remarqué que dans un message en ligne, l'Institut de santé publique dit lui-même que l'infection est maintenant si faible dans la société qu'il est difficile de valider que l’application alerte les bonnes personnes” précise-t-il. En conséquence de quoi le FHI a annoncé suspendre le fonctionnement de Smittestopp, ainsi que supprimer l’ensemble des données collectées depuis son entrée en fonctionnement. Toutefois l’agence sanitaire se dit “en désaccord avec les recommandations” du Datatilsynets et conseille à ses utilisateurs de laisser installée l’application, quand bien même elle est inopérante. 

Cette décision affaiblira une partie importante de notre préparation à une propagation accrue car nous perdons du temps dans le développement et le test de l'application. Pendant ce temps, nous avons une capacité réduite à lutter contre la propagation en cours. La pandémie n'est pas terminée” signale le FHI.

L’autorité de santé annonce qu’elle compte chercher une solution satisfaisante pour le gendarme des données personnelles d’ici au 23 juin. Bjørn Erik Thon se veut rassurant : “j’espère que la FHI parviendra à la fois à documenter l'utilité de l'application et à y apporter les modifications nécessaires afin qu'ils puissent reprendre son utilisation”.