IPO : Unity aussi !

L’éditeur du moteur 3D éponyme a rempli lundi son formulaire d’introduction en bourse. Unity pourrait bien profiter des difficultés de son principal concurrent, Epic Games, aux prises avec Apple. Mais Unity pourrait aussi connaître des déboires similaires. 

Depuis que la bourse américaine est repartie à la hausse, les projets d’IPO se multiplient. Palantir, Asana, JFrog ou encore Snowflake ont rempli leur formulaire d’introduction auprès de la SEC, de même que Unity Software. Cette entreprise née en 2004 au Danemark mais passée depuis sous pavillon américain est éditrice du moteur 3D éponyme, bien connu des développeurs et joueurs de jeux vidéo. 

La période est particulièrement propice pour une IPO d’Unity. Son principal concurrent, Epic Games, livre depuis cet été une guerre acharnée à Apple, lui reprochant sa politique quant à la distribution, et au prélèvement d’une commission, sur les applications de l’AppStore. Epic en pâtit, puisque non seulement la marque à la pomme a banni Fortnite, la vache à lait de l’éditeur, de sa boutique applicative, mais Apple a aussi révoqué l’accès à ses outils de développement, privant de nombreux développeurs tiers des prochaines mises à jour du moteur. 

Développeurs tiers qui pourraient bien choisir, pour leurs prochains titres, de passer sur Unity si jamais la guerre entre Epic et Apple devait durer. Unity compte déjà derrière sa bannière la moitié du Top 1000 des jeux de l’App Store et du Play Store, et parmi ses clients des grands noms du jeu vidéo tels que Electronic Arts, Niantic, Sony, Zynga ou encore Tencent. Côté finances, l’entreprise déclare 163 millions de dollars de pertes en 2019 pour un chiffre d’affaires de 541 millions de dollars. 

Le malheur des uns fait le bonheur des autres

Mais si Epic semble handicapé par son conflit avec Apple, Unity pourrait lui aussi faire les frais des politiques de Cupertino. Dans ses facteurs de risques, il cite notamment les changements dans les prérequis techniques ou les politiques d’Apple et de Google, notamment au regard de la collecte, du traitement et du partage des données des utilisateurs. 

En juin 2020, Apple a annoncé son intention d'exiger des applications utilisant son système d'exploitation mobile, iOS, qu'elles obtiennent (sur une base d’opt-in) l'autorisation d'un utilisateur final pour «les suivre à travers des applications ou des sites Web appartenant à d'autres sociétés » ou accéder à leur identifiant publicitaire de l'appareil à des fins de publicité et de mesure de la publicité, ainsi que d'autres restrictions” explique Unity.

Des changements qui devraient survenir à l’automne et dont Unity n’exclut pas qu’ils pourront avoir un impact négatif sur la monétisation des jeux, et donc sur les revenus de son activité Operate Solutions. Celle-ci “offre aux clients la possibilité de développer et d'engager leur base d'utilisateurs finaux, ainsi que d'exécuter et de monétiser leur contenu dans le but d'optimiser l'acquisition des utilisateurs finaux et les coûts opérationnels tout en augmentant la valeur à vie de leurs utilisateurs finaux”. Les restrictions voulues par Apple risquent donc de peser lourd sur cette activité, qui représente 54% des revenus d’Unity.