Le trublion des télécoms a présenté ses résultats financiers et, surtout, son projet de se lancer sur le marché des télécoms d’entreprise dans les prochaines semaines. Free sera-t-il capable de malmener Orange, qui domine ce segment ?
La maison mère, Iliad, est déjà présente sur le marché entreprises, par le biais de Scaleway, hébergeur et cloud provider. Mais du côté des télécoms, force est de constater que le secteur est occupé par un duopole dominé par Orange et suivi, loin derrière, par SFR. Bouygues Télécom grignote lentement et sûrement des parts de marché, tandis que l’exécutif et son bras armé l’Arcep ont tenté de faire émerger un concurrent, Kosc. Mais ce dernier a connu de nombreux déboires, conduisant à sa reprise cette année par Altitude Infrastructure.
Free, lui, en est absent. Ce n’est pas faute d’avoir pour projet de se lancer sur le marché B2B avant 2021, mais la crise sanitaire et le confinement sont passés par là. Néanmoins, à l’occasion de la publication de ses résultats financiers du semestre écoulé, l’opérateur se veut confiant. “Nous entrons désormais dans la 2ème phase du plan Odyssée 2024 avec de nombreux chantiers à mener dans les prochains trimestres, notamment le lancement des activités B2B en France” soutient Thomas Reynaud, le directeur général d’Iliad, qui prévoit le lancement des offres B2B “dans les prochaines semaines”.
Le trublion des télécoms entend s’emparer, à l’horizon 2024, de 4 à 5% de ce marché qu’il évalue à environ 10 milliards d’euros, prévoyant des revenus entre 400 et 500 millions d’euros. Mais Free est particulièrement avare en détails quant au contenu des offres qui seront prochainement dévoilées.
5G : Free met son grain de sel
Sur le terrain de la 5G, l’opérateur continue de jouer son rôle d’agitateur. Si Free n’utilise pas d’équipement Huawei sur ses réseaux 3G et 4G, on apprend de Thomas Reynaud que l’entreprise a demandé à l’Anssi l’autorisation de déployer des antennes du géant chinois pour son infrastructure 5G. Une requête refusée, sans que les motifs de cette décision ne soient précisés.
Devant les investisseurs, le directeur général d’Iliad déplore une inégalité de traitement. “Nous n'avons pas été autorisés à déployer des équipements Huawei, à la différence de Bouygues et de SFR” souligne-t-il. “Soit certains équipements sont considérés comme dangereux et personne ne peut les utiliser, soit ils ne sont pas considérés comme dangereux et ils peuvent être utilisés par les quatre opérateurs”.
Free utilisera donc du matériel Nokia, son partenaire de longue date. Il ne précise pas les raisons qui l’ont incité à vouloir recourir à Huawei, d’autant que les autorisations accordées à SFR et Bouygues sont temporaires et obligent ce dernier à préparer le démantèlement de 3000 antennes d’ici à 2028. Pourquoi donc Free se serait-il rapproché de Huawei en 2020, pour finir sous huit ans par être contraint de remplacer son équipement ?