Territoires, TPE-PME, emplois, deep tech, cybersécurité, plan THD... le numérique n’a pas été oublié dans le plan de relance de 100 milliards d’euros annoncé hier par le gouvernement. Il est instillé dans les postes Cohésion et Compétitivité.
Le plan de relance a été présenté hier après-midi par Jean Castex. Doté de 100 milliards d’euros, il se décline autour de trois axes que sont Écologie, Compétitivité et Cohésion. C’est dans ces deux derniers que se trouvent des mesures dédiées au numérique, qui viendront s’ajouter à celles prises dans l’urgence au coeur de la crise. A commencer par le PIA, ou Programme d’investissement d’avenir. Il s’agit ici moins d’un nouvel investissement de l’État que d’une réallocation des ressources initialement prévues. Ainsi, sur les 20 milliards d’euros du quatrième PIA 11 milliards seront mobilisés pour le plan de relance “doublant ainsi sa capacité d’engagement sur cette période”. Les fonds serviront principalement à financer des “investissements exceptionnels” ainsi qu’à “garantir un financement structurel prévisible aux écosystèmes d’enseignement supérieur, de recherche et d’innovation”.
En ce qui concerne le numérique spécifiquement, le gouvernement entend soutenir les entreprises à l’aide de son PIA dans quelques secteurs prioritaires “pour l’indépendance économique”, à savoir l’IA, le cloud, la cybersécurité pour laquelle une stratégie spécifique sera prochainement présentée, le quantique ou encore la “santé digitale”. Sur ces filières, ce sont 2,6 milliards de nouveaux financements que promet l’État, et 500 millions d’euros supplémentaires d’investissements sur fonds propres entre 2021 et 2023.
Des deep tech aux TPE
Les technologies dites “de rupture”, ou deeptech, ne sont pas en reste puisque l’exécutif s’engage à soutenir les jeunes pousses françaises. Entre les concours d’innovations et les aides distribuées par son bras armée, la BPI, l’État prévoit 1,95 milliard d’euros et promet que les guichets et appels à projets de 2020 seront “reconduits et simplifiés en 2021”.
Enfin sur le terrain de l’emploi, le plan de relance prévoit une mesure, à hauteur de 300 millions d’euros, destinées à préserver l’emploi dans la R&D. Elle soutient ainsi 2500 personnes par an, aussi bien salariés que doctorants.
Hors PIA, le plan de relance comporte une palanquée d’autres mesures. A commencer par un plan de soutien à la numérisation des TPE-PME et ETI. Le dossier mentionne une étude CPME/Sage qui souligne que “seulement 34 % des dirigeants de TPE de 1 à 9 salariés déclarent que la transformation numérique est déjà déployée ou en cours de déploiement”. C’est peu et l’État en retire qu’il est nécessaire d’accompagner les petites entreprises.
Trois dispositifs sont ainsi mis en place. D’une part, France Num effectuera une campagne d’accompagnement et de sensibilisation. De l’autre, IA Booster assurera des audits des sociétés matures afin de les assister dans le recours à des solutions d’intelligence artificielle dans leurs outils de production. Enfin, pour le secteur industriel, des subventions viendront soutenir les PME et ETI désireuses d’investir dans les “technologies de l’industrie du futur”, subventions versées par l’Agence de services et de paiement et qui remplacent le suramortissement fiscal. Une enveloppe de 400 millions d’euros est allouée d’ici à 2022 à ces dispositifs.
Territoires inclus
250 millions d’euros seront en outre mis au service de l’inclusion numérique, cheval de bataille du CNnum. Cette enveloppe servira à former et employer des “médiateurs numériques”, à déployer des outils pour permettre à ceux en première ligne pour aider les citoyens à appréhender le numérique, de mieux assurer leur accompagnement et enfin à ouvrir des lieux de proximité qui proposeront des activités en lien avec le numérique.
A cela s’ajoute une enveloppe exceptionnelle d’un milliard d’euros dévolue à la transformation de l’État et des territoires sur la période 2021-2022.
Dans le détail, on retrouve des projets antérieurs à la crises, qui se trouvent accélérés par ces fonds. Parmi eux, le Fonds de soutien à l’innovation et la transformation numériques de l’État et des territoires, financé à hauteur de 292 millions d’euros, la mise en place du “nouveau poste de travail de l'agent public”, pour 208 millions d’euros. La cybersécurité reçoit 136 millions d’euros, l’éducation 131 millions d’euros et l’identité numérique 72 millions d’euros.
Et puisqu’il est question de territoires, parlons finalement du plan THD. Avant que le plan de relance ne soit dévoilé, Cédric O a rencontré les acteurs de la filière Infrastructures. Dans un communiqué, Infranum avait annoncé que le secrétaire d’État avait “confirmé que le Très Haut Débit pour tous serait au cœur du volet numérique du plan de relance avec de nouveaux financements pour les projets des collectivités”. Le financement en question s’élève à 240 millions d’euros, “d’abord mis à disposition des collectivités qui portent les projets de généralisation de la fibre optique”. Il s’agit pour l’État de “prendre en compte les effets de la crise sanitaire qui impacte défavorablement les conditions financières de réalisation des projets”, ce dont le secteur s’était plaint à plusieurs reprises, et à accélérer le raccordement des zones les “plus difficiles à couvrir”. Les modalités d’attribution de ces aides seront connues à l’automne.