Amazon a lancé aujourd’hui ses Prime Days, au grand dam des commerçants français qui doivent patienter jusqu’au 30 juin, date d’ouverture des soldes. Et malgré les appels du collectif « Sauvons nos commerçants » au gouvernement, rien n’y a fait.
Ça y est, c’est parti, Amazon lance ses Prime Days aujourd’hui et demain. Deux jours de folles promotions, de prix cassés, d’offres imbattables sur le site du géant de l’e-commerce. Deux jours de soldes, en somme. Ce qui déplaît fortement aux commerçants français, obligés d’attendre le mercredi 30 juin, date officielle du début des soldes d’été, pour offrir moult promos.
Une « provocation » de la part d’Amazon, à en croire le collectif « Sauvons nos commerçants », qui clame représenter plus de 500 000 commerces. Pire, une « déclaration de guerre ». Le 14 juin, l’association se fend d’un communiqué sur ces fameuses journées Prime, reprochant à l’Américain un « cynisme économique absolu ». Aux yeux du collectif, Amazon cherche « une nouvelle fois » à couper l’herbe sous le pied des petits commerces, en lançant ses propres soldes avant les soldes officielles, captant ainsi « un maximum de clientèle et de pouvoir d’achat avant que les consommateurs ne soient autorisés à profiter des soldes chez leurs commerçants ».
Et ce alors même que lesdits commerçants sortent d’une crise majeure. D’autant que ces dates ne doivent rien au hasard, selon « Sauvons nos commerçants ». « Se cache-t-il derrière ce calendrier la volonté de se soustraire à la nouvelle réglementation européenne sur la TVA ? » écrit-il, rappelant que les nouvelles règles entreront en vigueur au 1er juillet, au lendemain de l’ouverture des soldes. Alors le collectif en a appelé au gouvernement afin que, comme en novembre dernier, il recadre Amazon.
On brade
Et malgré leur rencontre le 15 juin avec Alain Griset, ministre délégué chargé des PME, force est de constater ce matin qu’ils n’ont pas été entendus : les Prime Days ont bel et bien débuté, avec sa farandole de prix bas. « Les échanges ont abouti à un aveu d’impuissance du gouvernement face à la tactique du géant du e-commerce pour se soustraire à la réglementation des soldes » déplore l’association le 16 juin, dans un second communiqué. Et si le gouvernement estime l’action d’Amazon « moralement plus que contestable » et envisage de convoquer le géant, il repousse cette question des inégalités entre Amazon et les commerçants français aux Assises du commerce, qui se tiendront à la rentrée.
« Sauvons nos commerçants » s’indigne : « une convocation sans annonces fortes pour réaffirmer l’autorité de l’Etat et sa souveraineté économique, sonnerait comme une défaite gouvernementale face à des entreprises étrangères officiant sur notre territoire ». Le collectif appelle, comme ultime geste de bonne volonté, la majorité présidentielle à soutenir un amendement du projet de loi Climat qui s’assujettira les e-commerçants à l’autorisation préalable d’exploitation, au même titre que les commerces physiques. Une mesure qui ne poussera toutefois pas le consommateur à boycotter Amazon pour profiter des soldes dans les commerces physiques.