L’exécution du contrat cloud du DoD, attribué en 2019 à Microsoft, a pris près de deux ans de retard. Pour le Pentagone, JEDI ne répond plus à ses besoins : il en annonce donc l’abandon. Mais qu’AWS et Azure se rassure, ils pourront continuer de s’écharper autour de JWCC, le successeur de Jedi que le Pentagone a annoncé dans la foulée.
Le Pentagone arrête les frais. Près de deux ans après l’attribution du contrat JEDI a Microsoft, le Department of Defense américain annonce qu’il abandonne ce projet cloud à 10 milliards de dollars. Officiellement, « en raison de l'évolution des exigences, de la maîtrise accrue du cloud et des avancées du secteur, le contrat JEDI Cloud ne répond plus à ses besoins » explique le DoD dans un communiqué.
« JEDI a été développé à une époque où les besoins du département étaient différents et où la technologie des CSP et notre connaissance du cloud étaient moins matures » ajoute John Sherman, le CIO du Pentagone. Le communiqué n’évoque cependant pas le conflit entre AWS et Azure, Amazon et Microsoft, qui a retardé d’autant l’exécution de ce contrat.
Ordre 66
Car, dès l’annonce de l’attribution du contrat à Microsoft, l’entreprise de Jeff Bezos passait à l’offensive, dénonçant les pressions de la Maison Blanche pour empêcher AWS de remporter JEDI et ses 10 milliards de dollars. Après quoi, de tribunal en réexamen de l’appel d’offres, de revirement en coup de théâtre, l’exécution du contrat, suspendue par décision de justice, n’a jamais eu lieu.
Dans un communiqué, Microsoft prend acte de l’abandon de JEDI, tout en continuant de soutenir que « cette décision d'aujourd'hui ne change pas le fait que non pas une, mais deux fois, après un examen minutieux par le personnel d'approvisionnement professionnel, le DoD a décidé que Microsoft et notre technologie répondaient le mieux à leurs besoins ». Même chose du côté d’Amazon, qui répète à qui veut l’entendre que la procédure d’attribution était biaisée.
Le retour du JEDI
Et pourtant, ce n’en est pas terminé de la rivalité de Microsoft et d’Amazon pour s'attirer les faveurs du Pentagone. Ce dernier indique avoir toujours besoin d’un cloud et annonce le JWCC, pour Joint Warfighter Cloud Capability, un contrat cloud multi-fournisseur dont les contours (financiers notamment) sont encore à dessiner. Contrat pour lequel AWS et Azure seront tous deux sollicités car « ces deux fournisseurs sont les seuls fournisseurs de services cloud (CSP) capables de répondre aux exigences du département ».
Le DoD continuera toutefois ses études de marché afin de déterminer si « d'autres CSP hyperscale basés aux États-Unis peuvent également répondre aux exigences du DoD ». Ce contrat pourrait débuter dès 2022 avec les deux géants, et s’ouvrir à d’autres en 2025, d’autant que JWCC courra sur cinq ans, dont une période de référence de trois ans et deux périodes d'option d'un an.