Le ministère de la Transformation et de la fonction publique a dévoilé son plan numérique pour garantir le Cloud souverain à l’échelle européenne. Un « cloud de confiance » qui ambitionne de se protéger des lois d’exterritorialités américaines tout en autorisant Google ou Microsoft, par exemple, de licencier certaines technologies.
Après plusieurs tentatives avortées en ce sens, le gouvernement d’Emmanuel Macron a présenté une stratégie visant à inscrire la France dans un plan d’ambition de Cloud souverain. Et il n’a pas manqué au passage d’y apporter une touche de désormais célèbre « en même temps » macronien.
Le gouvernement de la Transformation et de la fonction publiques a dévoilé les contours de sa stratégie nationale pour le Cloud, lors d’une conférence de presse, lundi dernier, fruit d’une réflexion de deux années a précisé, en préambule, Bruno Le Maire, ministre de l’Économie, des Finances et de la Relance.
Cette stratégie, en trois axes, consiste à développer un label « Cloud de confiance » auprès des entreprises pour leur garantir une protection de leur données, moderniser l’action publique grâce aux technologies du Cloud dans les administrations publiques - « désormais mode d’hébergement par défaut des projets numériques des administrations », a rappelé Amélie de Montchalin, ministre de la Transformation et de la fonction publiques – ainsi qu’un soutien des projets d’entreprises françaises en ce sens dont cinq d’une valeur totale de 100 millions d’euros sont déjà sur la table.
Les ministres ont cité notamment le projet Gaia-X comme horizon souhaitable pour ce Cloud souverain.
Présence d’entreprises américaines
Reste que pour accéder aux meilleurs services mondiaux, il faut composer avec les États-Unis, les meilleurs en la matière, de l’aveux de Bruno Le Maire. La France a donc décidé que certaines entreprises américaines – seules Google et Microsoft ont été citées par le ministre – pourraient licencier tout ou partie de leur technologie à des entreprises françaises.
« Nous pourrions conjuguer ce que nous n’étions jamais arrivé à conjuguer : une protection et valorisation maximale des données », a justifié Bruno Le Maire, précisant que les technologies seront opérées par des Français dans un souci de garantie d’indépendance. « Nous ne renonçons pas à notre souveraineté française », s’est-il défendu d’avance, citant les exemples passés du développement de la filière industrielle nucléaire française permis par des licences américaines.
« Nous espérons l’émergence d’autres alliances franco-américaines qui permettent de disposer de la meilleure technologie tout en garantissant l’indépendance des données des Français », a ajouté Cédric O.
Ce même Cédric O qui assurait qu « une nation ne peut pas rivaliser dans [la course à la souveraineté] face à l’agilité du secteur privé et les importants moyens de la première ou deuxième puissance mondiale : c’est pourquoi nous ne devons pas nous entêter à vouloir développer des technologies souveraines de A à Z, mais travailler de concert avec les autres nations et grandes entreprises européennes », dans une préface pour le livre « Pour un Cloud européen ».
Et américaines, donc.