Le fondateur et président d’OVH s’est exprimé deux jours après l’incendie qui a ravagé le site strasbourgeois du cloud provider. Octave Klaba, coutumier des post-mortem, effectue dans une vidéo de huit minutes un point sur la situation et les moyens mis en oeuvre et livre quelques premiers éléments sur les raisons possibles du départ de feu.
Si l'on peut adresser de nombreux reproches à OVH, il faut reconnaître que la langue de bois ne fait pas vraiment partie de la culture de l’entreprise. Octave Klaba, quoi que ses activités américaines l'aient quelque peu coupé de ces préoccupations techniques, est un habitué des post-mortem transparents lors d'incidents touchant ses datacentres. Et alors que les cendres du site alsacien d'OVH sont encore fumantes, le fondateur de l'entreprise a sorti la caméra pour livrer de premiers éléments sur cet incendie.
C'est tout Strasbourg 2 qui est parti en fumée. Plusieurs salles de Strasbourg 1 ont également été touchées par l'incendie, nous apprend le fondateur d'OVH. Le reste des sites strasbourgeois du fournisseur français sont à l'arrêt mais "Michel [Paulin] et les équipes sont en train de travailler d'arrache-pied pour remettre ces trois datacentres en route". Octave Klaba prévoit que les salles soient de nouveau opérantes dans "le courant de la semaine prochaine".
Alerte incendie
En parallèle, OVH procède à l'inventaire de "tous les clients" et de leurs services afin de pouvoir récupérer autant que faire se peut les backups et les données primaires. Avec une communication sur la situation de chacun dans 48h. En attendant, les clients impactés, soit plus de 3,6 millions de sites, sont reportés vers les autres datacentres d'OVH. Lequel a livré depuis l'incendie 2000 serveurs et en compte encore un millier en attente de livraison. En résumé, la licorne française du cloud met les bouchées doubles pour assurer le service après la perte d'un datacentre entier.
Le site de Strasbourg 2 a été construit en 2011, sous la forme d’une tour auto-ventilée, pour des questions de protection de l'environnement et de réduction de la consommation d'énergie, souligne Octave Klaba. Une conception datée qu’OVH a changé dès 2015. Cependant, ce n’est peut-être pas le design du datacentre qui est en cause dans l’incendie qui l’a ravagé dans la nuit du 9 au 10 mars. Sur les raisons de cet incendie, "c'est encore très flou" explique le président d’OVH. "Ce qu'on sait aujourd'hui, c'est qu'à 00h47, nous avons eu les alertes des systèmes anti-incendie”.
Des onduleurs à l’origine du départ de feu
“Les techniciens qui étaient sur place et le gardien de sécurité sont intervenus en quelques dizaines de secondes sur les différentes salles où il y avait les alertes, et ils ont vu énormément de fumée immédiatement. Une fumée noire”, précise le président d'OVH.
"Au bout d'une ou deux minutes, ils ont pris la décision de sortir du datacentre parce que c'était devenu trop dangereux de rester à l'intérieur”.
Lors de leur intervention, les caméras thermiques des pompiers ont filmé deux équipements en feu, en l'occurrence deux onduleurs, environ une quinzaine de minutes après les alertes.
"Sur l'un de ces deux onduleurs, nous avons eu des interventions de la maintenance” indique Octave Klaba. Sur l'un d'entre eux, "le technicien a changé des pièces à l'intérieur dans la matinée" avant l'incendie. Pour autant "dans l'après-midi tout semblait bien fonctionner". C’est désormais un long travail d’enquête qui démarre, avec l’extraction et l’analyse des vidéos des quelque 300 caméras dans Strasbourg 3. Une analyse dont OVH compte tirer les leçons pour éviter que ce genre d’accidents se reproduise. Octave Klaba s’excuse par ailleurs “pour cette situation exceptionnelle” dont il promet qu’elle “n’arrivera plus jamais”. Il s’exprimera à nouveau la semaine prochaine pour communiquer de plus amples informations aussi bien sur la situation que sur l’enquête.