L'Autorité britannique de la concurrence et des marchés (CMA) s'oppose provisoirement au rachat d’Activision Blizzard par Microsoft. Le régulateur craint que cette opération ne renforce la position déjà confortable de Microsoft sur le marché du jeu vidéo.
Microsoft essuie le feu nourri des régulateurs de l’Union européenne et des Etats-Unis depuis l'annonce du rachat du développeur de jeux-vidéo Activision Blizzard (Call Of Duty, World of Warcraft) pour 69 milliards de dollars.
Position de force
C’est désormais au tour de l’autorité britannique à la concurrence (CMA) de mettre son grain de sel. Le régulateur, qui a rendu les conclusions de son enquête de phase 2 initiée il y a plusieurs mois, s’oppose provisoirement à l’accord. Il estime que celui-ci entraînerait des prix plus élevés et nuirait à l’innovation dans le secteur, renforçant la position de force de Microsoft. Dans le détail, l’organisme a estimé que « la fusion pourrait rendre Microsoft encore plus fort dans le domaine des jeux dans le cloud, étouffer la concurrence sur ce marché en pleine croissance et nuire aux joueurs britanniques qui ne peuvent pas s’offrir des consoles coûteuses. »
La firme a déclaré qu'il trouverait des solutions afin de « répondre aux préoccupations de la CMA ». Rima Alaily, vice-présidente et avocate générale adjointe de Microsoft, a rappelé l’engagement de la firme « à accorder à long terme un accès égal à 100 % à Call of Duty à Sony, Nintendo, Steam et autres préserve les avantages de l'accord pour les joueurs et les développeurs, et augmente concurrence sur le marché. » Cette dernière rappelant que les répondants de la consultation publique de la CMA ont estimé pour 75% d’entre eux que le rachat serait bon pour la concurrence dans le secteur au Royaume-Uni.
Le Call of de la discorde
Des pourparlers vont désormais avoir lieu entre le régulateur et Microsoft. Les conclusions définitives de la CMA sont attendues pour le 26 avril 2023. L’une des portes de sortie possibles serait de vendre Call of Duty. Le titre phare d'Activision cristallise une grande partie des craintes autour du rachat. Les régulateurs et la concurrence craignent notamment que Microsoft ne rende la licence exclusive à Xbox. Une stratégie qui « a été utilisée par Microsoft à la suite de plusieurs acquisitions précédentes de studios de jeux. », fait remarquer la CMA. Mais que le géant se sépare de son plus bel atout semble peu probable.
Pourrtant, il faudra sans doute faire des concessions. Car le rachat n’inquiète pas qu’au Royaume-Uni. En fin d’année dernière, la Commission européenne a déclaré qu'elle enverrait un avertissement antitrust à Microsoft dans le cadre du rachat. Aux pays de l’Oncle Sam, la Federal Trade Commission (FTC) des Etats-Unis a bloqué la transaction et entamé une procédure devant les tribunaux afin de la faire annuler. Ce sont aussi Google, Nvidia et Sony qui craignent une concurrence injuste et n'ont pas manqué de le faire savoir.