Si les exchanges se refusent encore à bloquer les utilisateurs russes, Coinbase lui, n'a pas attendu la guerre en Ukraine.
Au cours des dernières semaines, des gouvernements et entreprises du monde entier ont imposé de lourdes sanctions à l’encontre de la Russie et de certains de ses concitoyens en réponse à l'invasion de l'Ukraine. Jusqu’ici relativement silencieuse, la sphère crypto commence à bouger. L’exchange Coinbase a annoncé dans un billet blog, mettre « en œuvre un programme de sanctions mondiales à plusieurs niveaux ». A ce jour, la plateforme a déjà bloqué 25.000 comptes qu’elle estime être liés à des russes menant des activités illicites ou contournant les sanctions économiques.
Fiches à l’appui
« Nous avons identifié un grand nombre d'entre eux grâce à nos propres enquêtes proactives », a indiqué la plateforme. « Une fois que nous avons identifié ces adresses, nous les avons partagées avec le gouvernement pour soutenir davantage l'application des sanctions. », a-t-elle précisé.
Coinbase explique qu’elle vérifie les demandes d’ouverture de compte par rapport aux listes d'individus ou d'entités sanctionnés, en se basant sur des informations fournies par les États-Unis, le Royaume-Uni, l'Union européenne, les Nations Unies, Singapour, le Canada et le Japon. « Si un client vit dans un pays ou une région sanctionnés, ou s'il est identifié comme une personne ou une entité sanctionnée, il ne peut pas ouvrir de compte sur notre plateforme ». De même, Coinbase utilise des contrôles de géorepérage afin d'empêcher l'accès au site Web Coinbase, ainsi qu'à ses produits et services, à toute personne utilisant une adresse IP dans une zone géographique sanctionnée.
Attention toutefois, ce chiffre de 25.000 ne correspond pas à la période écoulée depuis l’invasion de l’Ukraine. La plupart des adresses ont été identifiées avant le déclenchement du conflit et la plateforme assure ne pas avoir constaté d’augmentation des activités de contournement des sanctions depuis l’invasion.
Un secteur encore prudent
Si la plupart des exchange ont fait des dons humanitaires à destination de l’Ukraine, rares sont ceux qui interdisent l’accès à leurs services à des utilisateurs russes. Binance par exemple, leader du secteur, s'y refuse. Un porte-parole ayant déclaré sur CNBC que cette décision, décentralisation oblige, « irait à l’encontre de la raison pour laquelle les cryptomonnaies existent ». La société se dit néanmoins prête à bloquer les comptes d’individus faisant l’objet de sanctions. Même son de cloche du côté de LocalBitcoins qui a estimé « qu'interdire à toutes les entreprises du secteur des cryptomonnaies d'offrir des services aux Russes ordinaires n'aurait pas de sens et ferait plus de mal que de bien ». Ou encore Kraken, qui ne gèlera pas les comptes de ses clients russes sans obligation légale.
Justement, s'il n'a donné aucune indication sur la méthode employée, le gouvernement ukrainien prévoit de forcer par la voie légale le blocage des investisseurs russes sur les exchanges. Au Japon, L’Agence japonaise des services financiers (FSA) et la Japan Virtual and Crypto Assets Exchange travaillent à empêcher les entités russes sur liste noire d’échapper aux sanctions grâce aux cryptoactifs.