Pavel Durov, cofondateur d'origine russe de l'application de messagerie Telegram assure que les données des utilisateurs ukrainiens sont en sécurité.
L’application de discussion Telegram est sujette à polémique depuis l’invasion de l’Ukraine par la Russie le 24 février dernier. Alors que le président ukrainien, Volodymyr Zelenskiy a utilisé l'application, et que celle-ci héberge de nombreuses chaînes officielles du gouvernement ukrainien, des doutes planent sur la réelle protection des données.
Quid de la sécurisation des données
Moxie Marlinspike, à l’origine du cryptage utilisé par sa plateforme Signal (et WhatsApp), a tweeté que Telegram est « par défaut une base de données cloud avec une copie en clair de chaque message que tout le monde a jamais envoyé/a reçu ». Si effectivement les conversations secrètes, appels vocaux et appels vidéo sont cryptés de bout en bout sur Telegram et ne peuvent donc pas être lus par l'entreprise, celle-ci peut accéder à d'autres contenus stockés sur ses serveurs, comme les message de discussions de groupe par exemple.
La crainte ? Que Telegram soit contrainte et forcée de partager des données d’utilisateurs ukrainiens avec le Kremlin, où que des hackeurs y accèdent illégalement. Sur le blog de Telegram, Pavel Durov, cofondateur russe de l’application de discussion instantanée se veut on ne peut plus clair dans un message publié sur Telegram le 7 mars dernier : « Je défends nos utilisateurs quoi qu'il arrive. Leur droit à la vie privée est sacré - maintenant plus que jamais. »
Ukrainien par sa mère, le russe expatrié à Dubaï écrit : « le conflit tragique est personnel à la fois pour moi et pour Telegram ». Et de rappeler les relations plus que tendues qu'il entretient avec le pouvoir russe depuis au moins 2013, data à laquelle le développeur était encore directeur général du réseau social VK. « L’agence de sécurité russe, le FSB, a exigé que je leur fournisse les données privées des utilisateurs ukrainiens de VK qui protestaient contre un président prorusse », a-t-il raconté. Le principal intéressé refuse, en conséquence de quoi il est licencié par l’entreprise qu’il avait fondé et contraint de quitter la Russie. Il crée ensuite l'application Telegram, interdite en Russie en 2018 suite à un nouveau refus de Pavel Durov de transmettre des données d’utilisateurs aux autorités. Une interdiction levée depuis.
La chasse à la désinformation
L'autre gage de l'apparente bonne volonté de Pavel Durov n'est autre que la censure que Telegram exerce à l'encontre de certains médias prorusses. Depuis l'invasion de l'Ukraine, des chaînes russophones ont vu leur audience exploser sur le réseau social. Interrogé par la BBC, Jordan Wildon, analyste spécialisée dans la désinformation chez Logically a estimé que les chaînes russophones ont gagné 2,7 millions d'abonnés depuis le 24 février. Depuis, Telegram a affirmé avoir bloqué de sa plateforme certaines d'entre elles soutenues par le Kremlin. Pavel Durov enjoint les utilisateurs à ne pas faire « confiance aux données publiées sur les chaînes Telegram pendant cette période difficile. » Néanmoins, le message ne contient aucune annonce forte pour le futur de la sécurité de Telegram.