A la faveur de l’imbroglio du changement de politique de confidentialité de WhatsApp et à l’instar des mastodontes Signal et Telegram, des applications moins connues ont également bénéficié d’une explosion du nombre de leurs utilisateurs. Avec, en toile de fond, une lutte intense autour de la sécurité.
« On a gagné 15 000 utilisateurs depuis une semaine. Aujourd’hui, on est sur une base de 50 000 utilisateurs quotidiens. »
Cédric Sylvestre savoure. Le co-fondateur d’Olvid, une application de messagerie instantanée française et lancée en 2019, est l’un des concurrents directs de WhatsApp à avoir bénéficié de l’imbroglio autour du changement de sa politique de confidentialité, annoncée début janvier. Depuis une semaine, à l’instar de Signal ou Telegram, de plus discrètes applications de messagerie tirent aussi profit de l’exode d’utilisateurs de WhatsApp inquiets pour leur vie privée.
Threema, une appli suisse payante aux 9 millions d’utilisateurs, a observé une augmentation de 900 % de ses téléchargements quotidiens lors de la troisième semaine de janvier, Roman Flepp, directeur du marketing et des ventes chez Threema, a confié à L’Informaticien. « Nous avons gagné des dizaines de milliers d’utilisateurs lors des derniers jours. Cette très forte hausse est observée depuis plus d’une semaine, ce qui est particulièrement excitant. »
Viber, Line, WeChat, le marché des messageries instantanées est très animé. Le gouvernement français a même lancé sa propre app en 2019 à l’attention des agents de l’État. Tchap compterait maintenant 200 000 utilisateurs en 2021 selon France Inter.
Fausse gratuité
En réalité, la modification de la politique de confidentialité n’a pas les ambitions que les utilisateurs de WhatsApp croient et «comprend de nouvelles options pour les personnes souhaitant envoyer un message à une entreprise sur WhatsApp »,a précisé WhatsApp dans un communiqué où elle a annoncé repousser l’application de sa politique de confidentialité au 15 mai.
Si par ce communiqué WhatsApp a tenté de calmer l’exode, il a surtout permis aux utilisateurs de prendre conscience que l’entreprise restait avant tout une propriété de Facebook, dont l’image vis-à -vis du respect de la vie privée est pour le moins trouble. Et ses concurrents de tailler WhatsApp en pièce.
«Cela permet de faire prendre conscience que la gratuité qui est la leur est une fausse gratuité puisqu’ils vivent en fait des données personnelles de leurs utilisateurs », dit Cédric Sylvestre. « Toute cette controverse peut changer la donne », pense Roman Flepp. « Désormais, de plus en plus de gens cherchent des messageries plus sécurisées et privées. »
Car depuis la controverse WhatsApp, de nombreux concurrents jouent sur un terrain. Celui de la sécurité.
Course à l’échalote sécuritaire
Olvid se présente comme « la messagerie instantanée la plus sûre du monde ». Et pour cause, Olvid se fonde sur des protocoles cryptographiques qui permettent d’empêcher tout tiers ou attaquant de prendre connaissance de ce qui est échangé sur leur serveur.
« C’est un paradigme et un modèle de sécurité absolument nouveau qui n’a absolument rien à voir avec les autres messageries du marché »,assène Cédric Sylvestre avant d'observer que c’est ce modèle qui a valu à Olvid de gagner les prix du FIC 2020 ou celui de l’Innovation aux dernières Assises de la Sécurité, à Monaco.
Chez Threema, des articles de blogs mettent en comparaison l’application avec ces concurrents Signal, Telegram et WhatsApp. Architecture décentralisée, respect du RGPD, serveurs et cryptographies, Threema a tout pour rassurer. Quant à Tchap, elle promet d’être « plus sécurisée que Telegram ».