Grégory Rabuel, PDG d’Altice et de SFR, suggère de faire payer les géants du web qui, à eux seuls, occupent 60% de la bande passante sur le vieux continent. La Commission européenne elle, planche sur la question.
Google, Apple, Facebook, Amazon, Microsoft, et Netflix consomment à eux-seuls 60% de la bande passante. De fait, le PDG d’Altice et de SFR Grégory Rabuel a suggéré de taxer proportionnellement ces géants plutôt gourmants, afin qu'ils participent d'avantage au financement du développement des réseaux. « Selon le principe de l’équité, il n’y a aucune raison qui justifierait que ces six acteurs-là ne paient pas en proportion de leurs usages. C’est même, selon moi, un sujet lié à celui de la souveraineté numérique européenne », a-t-il exprimé. Un appel clair aux autorités compétentes pour éventuellement prendre le taureau par les corne. « L’inflation des usages conjuguée à une inflation des investissements et des coûts exige une réponse appropriée », ajoute-t-il.
La Commission européenne attentive
Et justement, en mai dernier, le Commissaire européen au marché intérieur Thierry Breton écrivait sur Twitter : « Une poignée d’acteurs occupent à eux seuls plus de 50% de la bande passante mondiale. Il est temps désormais de réorganiser la juste rémunération des réseaux. Après les DSA & DMA, c’est désormais l’un des principaux chantiers de notre espace numérique. »
De leur côté, les opérateurs, et entreprises des telecoms, jugent indispensable cette rémunération afin de financer le déploiement de la fibre et de la 5G. Pour défendre leur point de vue, en mai 2022, l'European Telecommunications Network Operators' Association (ETNO) avaient publié un rapport intitulé « l'écosystème Internet européen : avantages socio-économiques d'un équilibre plus juste entre les géants de la technologie et les opérateurs de télécommunications ». Celui-ci avançait que les opérateurs de télécommunications ont investi 500 milliards d’euros dans les réseaux fixes et mobiles ces 10 dernières années. Quelle contribution pour les six géants précédemment cités ? « Ils ont apporté peu ou pas de contribution financière au développement des réseaux nationaux », avance le rapport.
Visiblement lassés d’être les seuls à payer, des opérateurs, parmi lesquels Deutsche Telekom, Orange et Telefónica, avaient signé, en novembre dernier, une lettre ouverte dans laquelle ils appelaient à une « forte adhésion politique pour garantir que l'action réglementaire favorise l'investissement dans les réseaux Gigabit, ce qui nécessitera un investissement supplémentaire de 300 milliards d'euros ».
Interrogé par Les Echos, Thierry Breton abondait dans leur sens expliquant que « le principe est acquis. Les règles en place depuis vingt ans arrivent à bout de souffle et les opérateurs n'ont aujourd'hui plus le juste retour sur leurs investissements. Il faut réorganiser la juste rémunération des réseaux ». L’étaux se resserre.