Massacré en bourse, lâché par ses actionnaires, Altice fait maintenant face à la grogne des salariés de SFR. Le Comité central d’entreprise de l’opérateur au carré rouge a voté une motion de défiance à l’encontre d’Alain Weill, s’alarmant de la ligne managériale et des plans de départ.
Qu’elle est mal accueillie la nouvelle équipe mise à la tête de SFR ! En novembre, Altice a connu un chamboulement majeur à sa tête, sur fond de mauvais résultats de l’opérateur. Michel Combes s’est vu montrer la direction de la sortie, s’en est suivie une restructuration massive du groupe. Ainsi, Dexter Goei a pris les postes de PDG et directeur du comité de direction d’Altice N.V., ainsi que de Chairman et PDG d’Altice USA, Jérémie Bonnin celui de secrétaire général du groupe Altice, tandis que Patrick Drahi redevenait président du groupe.
Chez SFR, Alain Weill a repris les fonctions de Michel Combes, soit Chairman et PDG de SFR Group, tout en demeurant directeur opérationnel d’Altice Media. Quant à Armando Pereira, il est passé de directeur général délégué du pôle télécom, en remplacement de Michel Paulin parti en septembre dernier, à directeur opérationnel d’Altice Telecom. Une nouvelle direction pour redresser la barre.
Zones de turbulences
Mais cela ne suffit pas à rassurer de part et d’autre de l’entreprise. Altice s’effondre en bourse, une partie des actionnaires attaque le groupe en justice pour « diffusion d'informations fausses et trompeuses » et pour couronner le tout Bercy commence à s’inquiéter. Patrick Drahi a bien tenté d’éteindre l’incendie, ici rassurant les investisseurs sur la « stabilité financière » d’Altice, là ouvrant une « ligne directe » avec les managers de l’entreprise. Le groupe vient même de débuter un cession de certains actifs, à commencer par la vente de deux sociétés suisses pour quelques centaines de millions d’euros.
Las, même les salariés de SFR s’y mettent. Le Comité central d’entreprise de l’opérateur au carré rouge a voté une motion de défiance le 29 novembre. Celle-ci vise Alain Weill. « Y a-t-il un pilote dans l’avion ? » s’alarme le CCE. Avant de s’insurger : « Le plan de départs volontaires ouvert dans le cadre de l'accord NewDeal a révélé (...) un véritable mal-être chez les salariés et causé une hémorragie de départs », et « des réorganisations d'ampleur ont lieu en interne sans aucune consultation préalable des instances ».
Pendant ce temps, les syndicats eux aussi s’émeuvent des plans de départs, des conditions de travail, de futures nouvelles règles de rémunération et des conditions tarifaires délirantes. Alors que Patrick Drahi assure vouloir rétablir la « relation clients », il n’est pas certain que les salariés en première ligne aient très envie de subir de front l’ire desdits clients et sur leurs arrières la menace d’un plan social.