Les crypto-monnaies sont-elles une menace pour la stabilité financière mondiale ? Le gouverneur de la Banque de France en semble persuadé, François Villeroy de Galhau allant jusqu’à nier qu’il s’agisse d’une monnaie. Son homologue de la Fed américaine se veut plus mesuré, s’inquiétant plus de la généralisation de leur usage que de leur seule existence.
Alors que l’AMF songe à des moyens d’encadrer les ICO et que les places financières envisagent la création de plateformes d’échanges de produits dérivés du bitcoin, le gouverneur de la Banque de France tape du poing sur la table. « Le bitcoin n'est en rien une monnaie, ou même une crypto-monnaie » a ainsi soutenu François Villeroy de Galhau à Pékin, lors du forum financier franco-chinois.
« C'est un actif spéculatif. Sa valeur et sa forte volatilité ne correspondent à aucun sous-jacent économique et ne sont la responsabilité de personne » insiste-t-il, soulignant que « ceux qui investissent en bitcoin le font totalement à leurs risques et périls ». Avec l’envolée des cours de la monnaie virtuelle, les craintes d’une bulle spéculative se font plus fortes. Ce n’est d’ailleurs pas un hasard que le gouverneur de la Banque de France s’exprime sur le sujet alors qu’il est en Chine, Pékin ayant une politique des plus restrictives en la matière.
« Un défi majeur au système monétaire »
De l’autre côté de l’Atlantique, la Fed se veut moins alarmiste, tout en faisant part elle aussi de certaines réserves. Randall Quarles, le nouveau vice-président de la Réserve Fédérale en charge de la supervision financière, a pris la parole alors que le bitcoin dépassait les 10 000 dollars. Si, à ses yeux, « ces devises numériques ne posent pas de menace majeure à leurs niveaux actuels, des problèmes plus généraux de stabilité financière pourraient se poser si leur utilisation se généralise ».
Il pointe notamment que le comportement des crypto-monnaies dans le cas d’une crise financière est encore inconnu. Bitcoins et autres « ne sont pas garantis par d'autres actifs sûrs, n'ont pas de valeur intrinsèque, ne sont pas émis par une institution bancaire régulée et ne sont la responsabilité d'aucune institution financière » explique-t-il. Dans une situation où la demande de liquidité augmenterait fortement, l’absence de taux stable à l’échange contre une monnaie de référence poserait « un défi majeur au système monétaire ».