Selon un rapport de NewsGuard, une entreprise spécialisée dans l'analyse des sources d’informations, Google et d’autres plateformes publicitaires financent de la propagande russe.
Depuis l’invasion de l’Ukraine par la Russie, les Gafam (Google, Apple, Facebook, Amazon et Microsoft) s’empressent de limiter l’influence du Kremlin sur internet. Apple et Microsoft ont par exemple respectivement retiré de l’App Store et du Play Store les applications des médias d’État Russia Today (RT) et Sputnik News. Google et Facebook ont quant à eux suspendu la possibilité de monétiser des contenus via la publicité pour des médias financés par Moscou.
116 sites passés au crible
Si la publicité programmatique n’apparait effectivement plus sur les sites de RT et Sputnik News, un rapport de NewsGuard publié lundi 7 mars avance que des dizaines de sites publiant de la désinformation sur la guerre en Ukraine perçoivent toujours des revenus publicitaires de Google et d’autres sociétés publicitaires. « Parmi eux figurent des sites qui cachent leurs sources de financement, qui sont enregistrés dans des pays comme Chypre, et qui appartiennent à des personnes proches de Vladimir Poutine », indique NewsGuard.
Au total, NewsGuard a analysé pas moins de 116 sites ayant publié de la désinformation sur la guerre en Ukraine. Ils « incluent des sites de médias d’Etat officiels russes, des sites anonymes avec un historique de publication de récits de désinformation russe, des fondations, et des sites de recherche au financement obscur – dont certains au moins ont des liens non révélés avec le gouvernement russe ».
Non respect des politiques d'édition
Sur ce panel, une vingtaine affichent des publicités, dont les deux tiers sont distribués par Google. Parmi eux, le célèbre Praveda.ru, version numérique d'un média russe historique, aujourd’hui géré par Vadim Gorshenin, un soutien de Vladimir Poutine. NewsGuard donne pour exemple, deux articles publiés le 24 février 2022 par le média qui, le jour de l’invasion de l’Ukraine, qualifiaient le gouvernement ukrainien d’“illégal” et de "néo-nazis".
Les politiques d'édition de Google sont pourtant claires. La plateforme ne diffuse pas de publicité sur des supports partageant des « allégations douteuses et dangereuses». « Les allégations selon lesquelles le gouvernement ukrainien est illégitime et géré par des nazis pourraient être considérées comme violant cette disposition », remarque NewsGuard pour qui, les politiques d'éditions de la plateforme n'ont pas été respectées ou mal appliquées. Solicitée par l'analyste, Google n'a pas encore réagi officiellement à ce rapport. NewsGuard rappelle que ces publicités programmatiques étant placées via des algorithmes, les annonceurs ne financent donc pas volontairement ces sites.