Dans un rapport publié le 16 janvier dernier, Le Centre national de la musique (CNM) fait état de milliards de fausses écoutes sur les plateformes de streaming.
Fausses écoutes dépassant le seuil de comptabilisation de 30 secondes opérées par des bots ou des personnes physiques, fausses playlists, fermes à stream, piratages… Ce sont entre 1 et 3 milliards de « fake streams » qui ont été détectés par le CNM au cours d’une étude de 18 mois réalisée par le CNM auprès de plusieurs plateformes. Cela représente entre 1 et 3% du total des écoutes sur les plateformes.
Mauvaise volonté
La proportion pourrait être bien plus importante car si Deezer, Qobuz ou encore Spotify ont accepté de transmettre la volumétrie globale des fausses écoutes, d’autres n’ont pas joué le jeu. « Il faut en revanche regretter que des acteurs comme Amazon Music, Apple Music et YouTube n’aient pu ou souhaité partager leurs données suivant le périmètre d’observation défini, malgré toutes les garanties de confidentialité que le CNM leur apportait. », écrit le rapport.
Les données communiquées par les plateformes et les professionnels ont permis d’établir que ces pratiques sont « largement répandues : à des degrés variables ». Dans le cas de Deezer et Spotify, la fraude se situe à plus de 80% au-delà du top 10 000. D’après les professionnels, cela pourrait être le fait d’artistes à notoriété limitée souhaitant se démarquer, ou de stratégie de parasitisme consistant à générer des revenus artificiels de faible volume sur la durée.
Bientôt une charte de prévention
La rémunération des ayants droit résulte de la part qu’il représente dans l’ensemble des écoutes du marché national sur une année. Ainsi, « celui qui gonfle ses chiffres d’écoute retire une part de rémunération à tous ceux qui ne trichent pas », alerte le CNM. « La multiplication de faux streams, c’est-à-dire les procédés permettant d’augmenter artificiellement le nombre d’écoutes ou de vues pour générer un revenu, est, ni plus ni moins, du vol », fait remarquer le CNM.
Afin de lutter contre ce phénomène, l'établissement propose d'élaborer une « charte interprofessionnelle de prévention et de lutte contre la manipulation des écoutes en ligne. » Une initiative renforcée par un audit de données et des méthodes de détection en collaboration avec le Pôle d’expertise de la régulation numérique (PEReN) du ministère de l’Économie.