Lobbying, recrutement dans le secteur public, soutien financier… les Gafam continuent de tisser leur « toile d'influence » en France dénonce un rapport publié mardi 13 décembre par l'Observatoire des multinationales.
Dans son étude sobrement intitulée GAFAM Nation, l’Observatoire des multinationales, un média publié par l’association Alter-médias, s’inquiète de l’influence grandissante des Gafam dans l’hexagone. « En quelques années, les géants étatsuniens du numérique ont tissé en France une toile d’influence qui n’a rien à envier à celle des poids lourds du CAC40. », écrit l'observatoire dans son enquête.
Lobbying multiplier par trois en 5 ans
Selon l'association, cette influence grandissante se traduit d’abord dans l'augmentation des dépenses allouées au lobbying. En se fondant sur les données de la Haute autorité pour la transparence de la vie publique (HATVP), l’association écrit dans les principales conclusions de son enquête que : « les filiales françaises des Gafam (Google, Apple, Facebook, Amazon, Microsoft) ont déclaré en 2021 la somme de 4,075 millions d'euros de dépenses de lobbying en France, contre 1,35 million en 2017, soit une multiplication par 3 ».
Les cinq géants « ont également déclaré un total de 72 activités de lobbying (rendez-vous avec des décideurs publics, échanges téléphoniques...) en 2021, contre 15 en 2017 ». Cet ordre de grandeur les situe «au même niveau que les plus actifs des groupes du CAC40 en matière de lobbying en France ».
L’association met aussi un coup de projecteur sur les portes tournantes. Une pratique qui consiste à recruter du personnel ayant une expérience dans le secteur public. L’observatoire cite entre autres Yohann Bénard, directeur des affaires publiques Europe d'Amazon France et Sébastien Gros, directeur des affaires gouvernementales d'Apple, respectivement passé par Bercy/Matignon et Matignon.
«Le cas le plus emblématique est cependant celui de Benoît Loutrel», directeur des relations institutionnelles et des politiques publiques chez Google France et ancien dirigeant de l'Autorité de régulation des communications électroniques, des postes et de la distribution de la presse (Arcep).
Muscler l’expertise dans le numérique
L’observatoire estime aussi que l’influence des géants du numérique s’étend à travers les liens financiers entretenus avec des médias ou des think tanks. L’association en veut pour exemple l’Institut Montaigne, soutenu par Google, Microsoft et Amazon. Ou encore des contrats entretenus entre Google et la presse française.
L’association regrette que, alors que les pouvoirs publics évoquent souvent la « souveraineté numérique, et la nécessité de « réguler », les géants du web ont pu compter « sur le soutien appuyé des pouvoirs publics français. » L’association estime que les pouvoirs publics doivent « muscler leur expertise dans le domaine numérique » et soutenir des alternatives aux Gafam, tout en favorisant une meilleure information de la société civile sur ces sujets.