Mercredi s'est ouvert le procès d'Elizabeth Holmes, entrepreuneur Tech chouchou des médias et de la Silicon Valley et à la tête de Theranos, une entreprise censée révolutionner la médecine en fournissant des tests sanguins capables de déceler en avance de graves maladies. Celle qui est devenue la première self-woman milliardaire de la Silicon Valley cachait en fait une arnaque à 9 milliards de dollars.
"Une affaire de fraude, mensonge et tricherie." C'est avec ces mots que Robert Leach, procureur fédéral de Californie, a qualifié un autre procès qui, de l'autre côté de l'Atlantique, passionne la presse et le monde de la Tech.
Mercredi 8 septembre 2021 s'est ouvert, après avoir été reporté plusieurs fois, le procès d'Elizabeth Holmes, cheffe de Theranos, une entreprise créée en 2003 et qui promettait la commercialisation de tests sanguins révolutionnaires, accessibles dans tous les supermarchés et censés prévenir de maladies comme le cancer. Elizabeth Holmes est accusée de fraude par le département de la justice américain.
A son plus haut, l'entreprise était valorisée à 9 milliards de dollars avant que le monde médical et le journaliste franco-américain du Wall Street Journal John Carreyrou ne remettent en cause la validité des technologies utilisées à partir de 2015. Le procès, d'une durée de trois mois, visera à déterminer l'étendue de la culpabilité d'Elizabeth Holmes, elle qui pourrait risquer jusqu'à 20 ans de prison, mais sera aussi, en filigrane, le procès de l'attrait pour le sensationnalisme et l'extravagance face au sérieux de la science de la part de la Silicon Valley.
En couverture de Forbes
Car Elizabeth Holmes avait tout de la fabuleuse success-story à l'américaine. Alors âgée de 19 ans, elle quitte Stanford pour monter Theranos, jeu de mot entre Thérapie ("Therapy" en anglais) et diagnostic ("diagnosis") avec la promesse de révolutionner le diagnostic médical.Theranos prétendait déceler des maladies graves avant leur apparition grâce à un prélèvement de quelques gouttes de sang grâce à une machine appelée Edison, en hommage à Thomas Edison, capable d'effectuer 240 tests.
Elizabeth Holmes devient la chouchou des médias qui voit en elle la première self-woman milliardaire dans un monde peuplé uniquement d'hommes. Interviews, portraits, couvertures de Forbes, photos à côté de célébrités, Holmes est une coqueluche et attire les investisseurs les plus renommés comme Carlos Slim, Tim Draper ou Don Lucas, investisseur chez Oracle, entre autres.
Un film en prévision
Sauf qu'à partir de 2014, plusieurs éminents médecins ont commencé à s'intéresser à la machine Edison et émis de sérieux doute sur les tests immunologiques de la machine.
Intitulé "Hot Startup Theranos Has Struggled With Its Blood-Test Technology", un article du Wall Street Journal met fin au suspense, forçant la Food and Drug Administration (FDA) à ouvrir une enquête sur le sérieux de l'entreprise. John Carreyrou montre que sur les 240 tests, seulement 15 ont été effectués, tous les autres provenant de machines déjà existantes. L'entreprise est une arnaque totale.
Elizabeth Holmes ferme ses laboratoires en 2016 avant de s'arranger à l'amiable avec la Securities and Exchange Commission, l'organisme de contrôle des marchés financiers américains et de vendre ses parts après un règlement d'un demi-million de dollars.
L'histoire a tous les ressorts d'un parfait thriller et Hollywood a flairé le bon coup. Un film est actuellement en préparation. Intitulé "Bad Blood", Elizabeth Holmes sera incarnée par Jennifer Lawrence.