Il ne faut pas y voir une crise de panique,. Juste une volonté de bénéficier d’un jugement « impartial » : le géant du e-commerce demande que Lina Khan, fraîchement nommée aux commandes de la FTC, soit récusée. Amazon lui reproche en effet de l’avoir par le passé accusé de pratiques anticoncurrentielles.
La nomination de Lina Khan ne laisse pas les GAFAM de marbre. Si Facebook s’en sort bien suite au rejet par un tribunal américain d’un recours en antitrust, Amazon a décidé pour sa part de lancer l’offensive contre la nouvelle patronne de la Federal Trade Commission. Le géant du e-commerce a porté une pétition devant la FTC, demandant que Lina Khan soit récusée.
Amazon reproche à la nouvelle présidente de l’institution ses travaux et prises de position passées, aussi bien dans le cadre de ses études que dans ses missions auprès de l’association anti-monopole Open Markets Institute et du panel antitrust du comité judiciaire de la Chambre des Représentants. Car à plusieurs reprises cette spécialiste du droit de la concurrence s’en est prise à Amazon et à d’autres géants de la tech, à qui elle reproche d’abuser de leur position dominante.
« Le président Khan a fait de nombreuses déclarations publiques très détaillées concernant Amazon […] elle a maintes fois soutenu qu'Amazon était coupable de violations des lois antitrust et devrait être démantelé » se lamente le géant. Il poursuit : « la présidente Khan a construit sa carrière universitaire et professionnelle dans une large mesure en déclarant Amazon responsable d'avoir enfreint les lois antitrust ».
Enfer ! Une spécialiste de l’antitrust qui écrit sur l’antitrust !
Ce qui fait craindre à Amazon, déjà sous le coup de plusieurs enquêtes notamment en vue de son acquisition de la Metro-Goldwin-Meyer, un parti pris de la part de Lina Khan. « Ses déclarations donnent à tout observateur raisonnable l'impression claire qu'elle a déjà pris sa décision sur de nombreux faits importants concernant la culpabilité d'Amazon » écrit l’entreprise.
Amazon aura-t-il gain de cause ? Rien n’est moins sûr puisque, selon les statut de la FTC, il appartient au membre mis en cause de se récuser. Et si elle devait s’y refuser, les autres membres voteront pour ou contre la requête en récusation. Mais, pour le géant, le but est sans doute moins de se débarrasser de Lina Khan que de pouvoir s’appuyer sur cette requête lors de futures enquêtes, de sorte à délégitimer un verdict qui lui serait défavorable en soutenant que la présidente de la FTC est partiale à son égard.