Dynamiser le marché de l’emploi, c’est une intention louable de la région Auvergne-Rhône-Alpes. Mais en donner les clés à Facebook, avec un peu d’argent public en sus, ce n’est pas forcément une bonne idée.
Le 3 juillet se tenait à Lyon un événement organisé par Facebook et la région Auvergne-Rhône-Alpes. Cette journée « Boostez votre Business » a vu défiler sur scène Laurent Solly, patron de Facebook France, et Laurent Wauquiez, patron de la région, suivis d’ateliers lors desquels TPE et PME locales étaient invitées à se former aux « outils du digital », comprendre Facebook et Instagram, et à partager leurs expériences du réseau social.
Mais cette journée n’était qu’un préambule au « partenariat stratégique » noué entre la région et le géant américain. Partenariat qui déviera sur l’emploi et la formation, avec la mise en ligne le même jour d’une « plate-forme dédiée à l’emploi et à la formation ». De quoi « disrupter » Pôle Emploi. Et c’est là que les ennuis commencent !
Selon Lyon Capitale, repris par le Canard dans son édition de la semaine dernière, les conditions d’attribution de ce marché, qui vise à « rassembler, lister et diffuser des offres d’emploi, de stages et de formations professionnelles de la région » font enrager les entreprises locales. En cause, des soupçons de favoritisme et d’irrégularités.
Un cadeau de 1,02 million d’euros
La start-up retenue, Work4, est un partenaire privilégié de Facebook, désigné dans l’appel d’offres comme « la seule solution technique sur Facebook qui propose à la fois de déposer des offres de manière illimitée et gratuite ». « Les présentes prestations ont fait l’objet d’un marché négocié sans publicité ni mise en concurrence préalable » signale Lyon Capitale. Un comble pour un marché de 340 000 euros HT reconductible deux fois.
Or ils sont nombreux, dans les colonnes de notre confrère, à s’insurger contre cette alliance avec Facebook. « Cet appel d’offres a été fait sans mise en concurrence, alors que d’autres entreprises sont capables de fournir des services de ce genre sur d’autres plateformes » dénonce l’un, quand un autre déplore une « aide » à Facebook plutôt qu’à une autre société plus française, à l’instar du Bon Coin (quoique un peu norvégien sur les bords).
Surtout, on s’interroge sur l’opportunité de financer par de l’argent public un concurrent potentiel de Pôle Emploi et d’autres entreprises locales, qui arguent pouvoir faire de même que Work4 avec d’autres plateformes. La colère gronde et il est question de saisir la justice pour favoritisme.