Charlottesville : la tech américaine réagit

Accusés de passivité face à des mouvements racistes et violents s’organisant par le biais de leurs services, les géants du numérique se mettent en branle et multiplient déclarations et mesures, frappant de bannissement certains groupuscules.

Suite aux tragiques évènements de Charlottesville et à l’absence de réponse de la part du gouvernement américain, le secteur de l’IT commence à prendre des mesures à l’encontre des groupes d’extrême-droite. Il faut dire que certains géants sont pointés du doigt pour leur inaction alors que les initiateurs de ce grand « rally » suprématiste passaient par leurs services pour s’organiser.

Lundi soir, WordPress a suspendu le site d’American Vanguard, un des groupes suprématistes derrière l’organisation du rassemblement à Charlottesville. De son côté Mailchimp a mis à jour sa politique d’utilisation de sorte à interdire la mise en place de campagnes haineuses par le biais de son service.

Dans la foulée, Discord, un service de messagerie très apprécié des joueurs mais aussi des militants politiques, a annoncé sur Twitter la fermeture du serveur altright.com, utilisé par les néonazis et autres suprématistes blancs pour discuter et s’organiser. Plusieurs comptes en lien avec cet espace de discussion ont été bannis.

Les CGU pour contrer les discours racistes

Facebook a pour sa part supprimé un certain nombre de pages dont celles de Vanguard America, de White Nationalist United et de l’événement Unite the Right. A nos confrères de Buzzfeed, un porte-parole explique que les outils qu'il utilise pour identifier et supprimer ces discours de haine sont les mêmes que ceux destinés à lutter contre le terrorisme.

Sur le Web, l’hébergeur et registrar GoDaddy a indiqué qu’il avait laissé 24h au Daily Stormer, un blog d’extrême droite, pour se chercher un autre pourvoyeur de nom de domaine. Cette décision fait suite à un article ordurier du site à l’encontre de Heather Heyer, la militante antifasciste tuée lors de l’attentat à la voiture bélier qui a ensanglanté les manifestations de Charlottesville.

« Vu que le dernier article de The Daily Stormer arrive après un acte violent, nous croyons que ce type d'article pourrait inciter à plus de violence, ce qui viole nos conditions de service » déclare-t-on chez GoDaddy. Le blog suprématiste est par la suite passé chez Google avant d’en être rapidement chassé. Le compte Youtube du blog a également été fermé.

Frapper au portefeuille

Autre entreprise à prendre des mesures : Paypal. Le service de paiement avait déjà fait parler de lui fort de la campagne de financement du C-Star, un navire destiné à faire la chasse aux migrants dans les eaux de la Méditerranée, pour lequel des militants d’extrême-droite appelaient au don via PayPal. Accusée d’avoir tarder à bloquer cette campagne, la société a cette fois pris le taureau par les cornes.

Dans un communiqué, PayPal explique qu’il veillera « à ce que nos services ne soient pas utilisés pour accepter des paiements ou des dons pour des activités qui favorisent la haine, la violence ou l'intolérance raciale ». Il vise nommément des mouvements « telles que le KKK, les groupes de suprématistes blancs ou encore les groupes néonazis » sans pour l’instant prendre des mesures concrètes.

L'épineux équilibrage 

Car PayPal comme les autres craignent de se voir attaquer sur leur droite pour atteinte à la liberté d’expression. « Le maintien de l'équilibre nécessaire entre la protection des principes de tolérance, de diversité et de respect pour les personnes de tous et une liberté d'expression légitime et de dialogue ouvert peut être difficile » explique le service de paiement.

Chez Apple aussi, on tape les néonazis au portefeuille. Le géant a désactivé mercredi l’option Apple Pay pour quelques sites web proposant à la vente divers vêtements et objets arborant ici une croix gammée, là un symbole SS. Au moins trois sites suprématistes blancs sont concernés. Plus tôt ce même jour, Tim Cook s’est, dans un mail interne, ému des « événements tragiques et répugnants de Charlottesville » et s’en est pris à Trump, qui met sur le même plan suprématistes et militants antifascistes.