Deux groupes audiovisuels majeurs annoncent à quelques jours d’intervalle qu’ils vont -ou envisagent- de quitter Netflix et de lancer leurs propres services de streaming. Plus qu’une question de concurrence avec les acteurs du marché de la VOD, ces stratégies actent la lente descente aux enfers du câble.
En 2018, les internautes américains pourront s’abonner et visionner les chaînes d’ESPN, le bouquet sport détenu par Mickey, directement sur Internet ou depuis l’application éponyme. Et l’année suivante, ce seront les contenus de Disney, films d’animation, série et autres, qui seront disponibles via une offre VOD à la demande. Des contenus pour l’heure proposés en VOD par Netflix. Pour ce faire, Disney rachète BAMtech, une société spécialisée dans le streaming vidéo.
Le streaming, nouvel eldorado
« Avec ce changement stratégique, Disney mettra fin à son accord de distribution avec Netflix » écrit le géant dans un communiqué. Et ce à la fin de l’année prochaine. Premier coup porté à l’entreprise de Reed Hastings, qui n’en est pas au bout de ses peines cette semaine. En effet, James Murdoch, le directeur général adjoint de la Fox, a annoncé lors d’une conférence avec les investisseurs que 20th Century Fox envisage également de se retirer de Netflix et caresse l’idée de lancer son propre service de VOD. Sans pour autant s’avancer sur un calendrier.
On lit presque partout que Netflix est visé, ce qui est probablement vrai : les groupes en question prennent sans doute plaisir à mettre le service de VOD sous pression. Mais la véritable victime, c’est le câble. Au printemps 2017, près d’un million d’Américains se sont désabonnés du câble. Trop onéreux, trop contraignant, trop éparse en termes d’offres, le câble ne séduit plus le public américain. Lequel se tourne alors, selon de nombreux analystes, vers le streaming, faisant les beaux jours des Netflix, HBO et autres Amazon.
Marvel enterre-t-il le Câble ?
Les studios ne s’y trompent pas et c’est sans doute la raison qui pousse Disney et la Fox à franchir le pas. Dans le cas du propriétaire de Mickey Mouse, le choix de porter en premier ESPN en OTT est révélateur : le bouquet sportif par le câble a perdu depuis 2011 plus de 13 millions d’abonnés. La Fox, elle, ne rencontre pas ce problème : au dernier trimestre, alors que son chiffre d’affaires global est en berne, celui du câble grimpe de 10%. D’où sans doute cette impression que le groupe de Rupert Murdoch n’est pas vraiment pressé de livrer un calendrier précis du lancement de son propre service de VOD.
Néanmoins, cette multiplication à venir des offres de contenus en streaming pourrait bien avoir un effet pervers, dont pâtiront en premier ces nouveaux entrants. Le public est-il prêt à mettre 50 ou 100 euros pour accéder à plusieurs plateformes, chacune proposant un contenu exclusif, alors même que la plupart des œuvres lui était accessibles pour 10 euros par mois auparavant ?