Hadopi : six mois avec un successeur de Zone-telechargement

Un site « pirate » est fermé, dix autres apparaissent. Une étude de la Hadopi se penche sur un des successeurs de zone-telechargement.com, fermé en novembre dernier. Elle sonne comme un constat d’échec, mais présente surtout des statistiques fort intéressantes sur la « résilience » de ces sites.

La fermeture de zone-telechargement.com en novembre 2016 avait résonné comme une éclatante victoire des autorités françaises et des ayants droit. Mais, les imitateurs sont vite venus combler la place laissée vacante. Hier, la Hadopi a publié une étude sur l’un de ces sites : zone-telechargement.ws, successeur le plus fréquenté du Zone-Telechargement original, 29ème au classement Alexa pour la France, entre Pôle Emploi et Pornhub.

Premier constat réalisé par la haute autorité, zone-telechargement.ws n’est pas un site miroir. S’il reprend bien l’interface de son prédécesseur, l’enregistrement du nom de domaine est antérieur à la fermeture de zone-telechargement.com. En outre, les contenus proposés diffèrent entre les deux sites, l’imitateur se concentrant plus sur les séries télévisées et les films que l’original, qui proposait bien plus de titres musicaux et de jeux vidéo.

Guerre des clones

« Il s’agit plutôt d’un site recréé ex nihilo. Ce procédé a été mis en œuvre dans des délais suffisamment brefs pour bénéficier de la notoriété du site précédent et attirer rapidement une audience importante » signale l’équipe de la Hadopi. 22 000 titres y sont proposés, pour un total de 76 000 contenus (prenant en compte les épisodes individuels d’une série). A la fermeture de zone-telechargement.com, ce sont en moyenne 1230 contenus qui sont ajoutés chaque semaine sur zone-téléchargement.ws. A partir de mars, ce chiffre se stabilise à 420 mises en ligne hebdomadaires.

Ensuite, la Hadopi vient casser l’image « communautaire » et « partage » dont se targue le site illégal. « 90 % des titres ont été mis à disposition par les 14 comptes contributeurs les plus actifs , les cinq premiers d’entre eux étant à l’origine de la moitié des 22 000 titres mis en ligne » écrit la haute autorité dans son étude. Cette hyperactivité « laisse supposer un travail à temps plein ». Travail qui se rémunère par le biais d’un modèle publicitaire.

Réplicants

Qu’en conclure, sinon que la fermeture de zone-telechargement.com est un échec. Au-delà du symbole, il n’a guère freiné le « piratage » contre lequel lutte la Hadopi. Pire encore, celle-ci cite encore l’exemple de T411, autre plateforme torrent fermé en juin dernier. Deux successeurs ont déjà pris le relais « parmi les nombreuses répliques » et « apparaissent d’ores et déjà parmi les principaux sites dédiés au piratage en France ».

Dans son communiqué introduisant l’étude, la Hadopi se veut toutefois positive, voire prospective. « L’observation précise et continue des modalités selon lesquelles ces offres cherchent à se reconstituer contribuera à une lutte plus effective dans la durée contre le piratage » note-t-elle. Reste à savoir si la haute autorité en a les moyens, financiers et humains.