Fronde commune des opérateurs télécoms en Europe

Ils sont 31 cosignataires d’une lettre adressée aux autorités européennes, à Bruxelles. Ils s’alarment, voire s’insurgent, contre l’orientation du nouveau code des télécoms qui va selon eux à l’encontre de ce qu’il faut faire pour créer la « Gigabit Society ». 

C’est une lettre inédite, signée par 31 patrons des plus grands opérateurs et équipementiers télécoms européens. On y retrouve Orange mais aussi Telefonica, Deutsche Telekom, KPN, Telenor aux côtés de Nokia ou d'Ericsson. Tous s’alarment de la direction que prend le code des télécoms, dont les négociations débutent demain mardi entre le Parlement, la Commission Européenne et les gouvernements. 

A eux tous, ils représentent 26,6 milliards d’euros d’investissement par an, et ils comptent continuer ainsi. Mais « une grande pression réglementaire et des règles désuètes ont déjà porté préjudice au secteur télécom européen par le passé », rappellent-ils. D’une seule voix, ils demandent un assouplissement des règles d’investissement afin de créer ce que l’on nomme la « Gigabit Society ». 

Fibre et 5G pour tous

L’objectif est de créer des conditions d’investissement favorables en Europe. Chaque citoyen européen devra accéder à une connexion Internet très haut débit d’ici 2025 qu’elle soit fixe (fibre) ou mobile (5G). Mais depuis une dizaine d’années, le secteur est économiquement instable. Les revenus des opérateurs baissent, alors que la pression de la course à la 5G s’accentue avec l’Asie et l’Amérique du Nord. 

500 milliards d’euros doivent être mobilisés pour atteindre la création de la Gigabit Society. Pour cela, la Commission Européenne avait pris des mesures en 2016, en favorisant le co-investissement dans les réseaux fixes et en souhaitant harmoniser les procédures d’enchères dans les fréquences. Mais le Parlement a donné une fin de non-recevoir début octobre : dans les grandes lignes, il ne compte pas accorder autant de libertés aux opérateurs et souhaite même les contraindre sur certains points. 

La bataille va donc faire rage dès demain. D’un côté la CE, plutôt favorable aux demandes des opérateurs, de l’autre le Parlement européen, hostile à une trop grande liberté. A cela il faut ajouter les gouvernements qui ne souhaitent pas, pour la majorité, voir des décisions stratégiques d’opérateurs nationaux être dictées par l’Europe.