Haro sur une filiale d’Amazon. Amazon Rekognition subit les foudres des associations de défense des libertés civiles aux Etats-Unis, au motif qu’elle fournit, très diligemment, des outils de reconnaissance faciale et de surveillance à la police.
L’American Civil Liberties Union a découvert l’an dernier l’existence d’une filiale inconnue d’Amazon, Amazon Rekognition. A l’époque, celle-ci indiquait sur son site Web fournir des outils de reconnaissance faciale aux autorités, notamment à des services de police locaux. Enquêtant sur cette activité, l’association a contacté Amazon, sans jamais recevoir de réponse.
Mais entre temps, le géant a modifié sa communication, le site d’Amazon Rekognition lissant les angles et ne mentionnant plus les services de police qu’à la marge. Mais l’ACLU a continué de fouiller, tant et si bien qu’elle vient de publier 147 pages de documents obtenus en s’appuyant sur le Freedom Information Act, permettant à des citoyens américains de demander aux administrations l’accès à divers documents administratifs.
On y apprend qu’Amazon ne fait pas que dans le e-commerce et l’hébergement, mais aussi dans la surveillance. Et comme à son habitude à coût réduit, Rekognition allant jusqu’à proposer un modèle freemium permettant d’utiliser son API gratuitement. Aux utilisateurs payants, elle offre en outre du support gratuit, allant jusqu’à contacter proactivement les services de police abonnés pour s’assurer que tout se passe bien. On se prend à imaginer qu'Amazon pourrait également mettre sa logistique au service de la justice pour livrer directement le suspect (en une heure avec Prime Now ?).
Persons of Interest
Et à en croire les mails contenus dans le rapport, les clients sont satisfaits. « Nous avons commencé à utiliser Rekognition car il n'existe actuellement aucun logiciel permettant aux utilisateurs de rechercher rapidement des centaines de milliers d'images en utilisant un visage dans une autre image » explique la police de Washington, dans l’Oregon.
« Avant la mise en œuvre, la réponse moyenne des courriels «Tentative d'identification» était de deux à trois jours, maintenant cela prend quelques minutes. Moins d'une semaine après son lancement, l'application a permis d'identifier un suspect qui a volé plus de 5 000 dollars dans des magasins locaux. Il n'y avait pas d'autres pistes avant que l'application ne trouve la correspondance » écrit le gardien de la paix.
L’ACLU, elle, est moins enthousiaste. Dans une lettre ouverte adressée à Jeff Bezos, L’association reproche à Amazon d’offrir des fonctionnalités de « suivi de personnes » capables d’identifier « tous les visages dans un groupe, dans des manifestations et des lieux publics » et favorisant le tracking de « personnes d’intérêt », sans-papiers ou encore activistes, dénonce l’ACLU. « Amazon Rekognition est prêt pour tous les abus entre les mains des gouvernements. Ce produit constitue une grave menace pour les communautés, y compris les personnes de couleur et les migrants, et pour la confiance et le respect qu'Amazon a acquis au fil des années ».