Si l’Australie se dote d’un réseau 5G, les équipementiers chinois ne participeront pas à son déploiement. Partageant les craintes des Etats-Unis sur l’inféodation de Huawei et de ZTE à Pékin, le gouvernement chinois a décidé d’interdire les équipements 5G des deux entreprises chinoises sur son territoire.
La 5G en Australie se fera sans ZTE et sans Huawei. Déjà en délicatesse avec les autorités américaines et de longue date dans le viseur des australiennes, les deux équipementiers se voient interdits de vendre des équipements 5G en Australie. Dans un communiqué, le gouvernement australien indique craindre des ingérences de Pékin. Pour ce faire, le gouvernement de Canberra s’appuie sur un règlement de 2017 bannissant d’Australie les entreprises « soumises à des décisions extrajudiciaires d’un gouvernement étranger en contradiction avec la loi australienne ».
Or, en 2017 également, la Chine a adopté une loi obligeant les entreprises nationales à coopérer et à assister les services de renseignement chinois. Si, depuis, la filiale de Huawei tente de persuader Canberra que la législation chinoise « n'autorise pas le gouvernement à contraindre les entreprises de télécommunications à installer des portes dérobées ou des appareils d'écoute ou à adopter un comportement susceptible de compromettre l'équipement de télécommunication d'autres pays », ces arguments n’ont pas fait mouche.
Dans un communiqué, Huawei déplore cette décision et dénonce « une compréhension erronée et étroite de la loi chinoise ». Le constructeur ajoute que ce faisant le gouvernement « sape les principes de concurrence équitable et de non-discrimination » et se réserve le droit d’intenter des actions en justice contre les autorités australiennes.
L’hôpital qui se moque de la charité
Ceux qui suivent de près l’actualité australienne ne manqueront pas de goûter l’ironie de cette interdiction. Depuis avril 2017, le Telecommunications (Interception and Access) Amendment (Data Retention) Bill est en vigueur dans le pays. La législation oblige les FAI et opérateurs télécom à collecter et à conserver pour une durée de deux ans les métadonnées de leurs utilisateurs (numéros de téléphone, durée des appels téléphoniques, géolocalisation et horodage des connexions…). Métadonnées qui sont accessibles par les forces de l’ordre et agences de renseignement sans mandat.
Sans compter la participation de l’Australie au Five Eyes, au côté de la Grande-Bretagne et des Etats-Unis, et à ce titre utilisatrice et contributrice à XKeyScore, base de données des « interceptions » de communications électroniques. A l’époque de l’adoption de cette loi, ses détracteurs estimaient qu’elle « détruisait » la notion de vie privée en ligne en Australie.