Une étude américaine s’est penchée sur les limitations de trafic pratiquées par les opérateurs aux Etats-Unis, notamment pour YouTube et Netflix. Si l’étude a été réalisée avant que la FCC n’enterre la neutralité du net, elle donne un avant-goût de ce à quoi peut ressembler un Internet à plusieurs vitesses.
Une équipe de chercheurs de la Northeastern University et de l’University of Massachusetts s’est intéressée au traitement du trafic par les opérateurs télécoms américains. En janvier et mai 2018, ils ont utilisé une application, Wehe (dont le créateur est également co-auteur de cette étude), destinée à surveiller quels services mobiles sont ralentis, quand et par qui. Sans surprise, l’application la plus honnie des opérateurs est YouTube (n’est-ce pas, Free ?), suivie de près par Netflix, Amazon Prime Video et NBC Sports, tous des services de vidéos en streaming.
Wehe a permis aux chercheurs de détecter des « différenciations », des ralentissements d’un service donné sur un réseau donné. Verizon détient la palme du traitement différencié, avec 11000 différenciations détectées sur la période donnée. AT&T lui colle au train, différenciant le trafic à 8398 reprises. T-Mobile et Sprint, bientôt fusionnés, ont traité différemment le trafic sur leurs réseaux respectivement 3900 et 339 fois.
Une situation susceptible d’empirer
Les opérateurs justifient ces ralentissements par la nécessité d’éviter la congestion du réseau, ainsi que par les conditions d’utilisation de leurs forfaits (dépassement du volume de données compris dans l’offre). Mais ces pratiques inquiètent également quant à l’instauration d’un Internet à deux vitesses. « Maintenant que la neutralité du réseau a été abrogée par la FCC, il est important que les consommateurs et les chercheurs se méfient des FAI qui commencent à utiliser leur nouvelle « liberté » de cette manière et les dénoncent lorsqu’ils le font » explique à Bloomberg Florian Schlaub, un chercheur spécialisé dans les questions de vie privée en ligne.
Notons que Wehe est financé en partie par Alphabet, farouche défenseur de la neutralité du net, et qu’Amazon lui apporte son soutien. En outre, l’application est utilisée de notre côté de l’Atlantique par nulle autre que l’Arcep, qui l’emploie dans le cadre d’audits sur des violations de la neutralité du net.