Au Sénat comme au Department of Justice, on s’interroge. Les réseaux sociaux portent-ils atteinte à la liberté d’expression, notamment à celle des conservateurs ? A quelques semaines des élections de mi-mandat, la question agite le monde politique américain.
Une fois de plus, les dirigeants des réseaux sociaux ont fait acte de contrition devant le Congrès. Ce qui commence à devenir une habitude depuis le passage remarqué de Mark Zuckerberg à la suite des révélations autour de l’affaire Cambridge Analytica. Depuis le scandale, les craintes ne se sont pas apaisées et l’approche des élections de mi-mandat aux Etats-Unis les attise encore un peu plus.
Sheryl Sandberg, COO de Facebook, et Jack Dorsey, patron de Twitter, étaient entendus mercredi par la commission du renseignement du Sénat. Google, également convié, a proposé d’envoyer un de ses exécutifs, au grand déplaisir des élus qui demandaient la venue du grand patron d’Alphabet. L’absence du géant du web à cette audition a provoqué moult commentaires acerbes dans les rangs des sénateurs.
Les présents, eux, ont été longuement cuisinés notamment au sujet de leur lenteur à réagir aux manipulations électorales et aux détournements de leurs plateformes. Sheryl Sandberg s’est platement excusée des erreurs commises par Facebook avant d’insister sur les nombreuses actions mises en place ces derniers mois par le réseau social. Même son de cloche du côté de Jack Dorsey, ce dernier insistant sur la chasse aux faux comptes menée tambour battant par Twitter. Quand bien même faire la différence entre un robot et un humain n’est pas toujours techniquement aisé.
RIGGED ?
Accusés de réduire au silence les voix conservatrices (ce que Donald Trump dénonce fréquemment… sur Twitter), tous deux se sont défendus de toute partialité, le patron de Twitter soulignant que les tweets des deux partis sont « considérés sans distinction ».
Alors que l’audition touchait à sa fin, le Département de la Justice s’est fendu d’un communiqué lapidaire, repris par le Washington Post. Jeff Sessions, le procureur général y explique avoir organisé une réunion afin de discuter avec des procureurs « de la préoccupation selon laquelle ces entreprises étouffent intentionnellement le libre échange des idées et nuisent à la compétition ».
Google, Facebook et Twitter ont refusé de commenter ces allégations. Certains observateurs américains font remarquer qu’il s’agit pour Jeff Sessions moins d’enquêter sur la partialité hypothétique des réseaux sociaux que de faire écho aux positions de Donald Trump sur le sujet, à un moment où le procureur général est lui aussi sous le feu des critiques du Président.