Au procès de Qualcomm, les révélations tombent. Hier , le COO d’Apple, Jeff Williams, a expliqué à la barre que si les derniers iPhone étaient équipés de modems Intel, ce n’était pas par choix. Il a également livré quelques croustillants détails sur les accords de licences du fabricant de semi-conducteurs.
Cette semaine se tient à San Jose, en Californie, le procès de Qualcomm. Le géant des semi-conducteurs est accusé par la Federal Trade Commission d’abus de position dominante dans le domaine des SoC destinés aux smartphones. La FTC est soutenue dans sa démarche par quelques entreprises ayant une dent contre Qualcomm, parmi lesquelles Intel et Apple, lui aussi en guerre contre Qualcomm devant les tribunaux de plusieurs pays, avec plus ou moins de succès.
Devant la juge Lucy Koh, le COO d’Apple Jeff Williams a livré son témoignage quant aux pratiques du fabricant. Il a ainsi déclaré que si les iPhone XS, XS Max et XR, les derniers sortis, sont équipés de modems Intel, ce n’était pas un choix délibéré de la part de la marque à la pomme. En effet, Qualcomm, qui ne voit pas d’un bon œil les poursuites engagées par Apple à son encontre et encore moins son refus de payer les royalties dues pour l’exploitation de ses licences, a tout bonnement refusé de fournir Cupertino en modems 4G LTE.
Des clauses d’exclusivité
Une décision qui, sur le long terme, explique en partie pourquoi Apple ne compte pas sortir d’iPhone 5G avant 2021, Intel prévoyant de lancer ses modèles de modem 5G en 2020… quand les X50 de Qualcomm devraient équiper les premiers smartphones 5G dès cette année. Mais les révélations de Jeff Williams ne s’arrêtent pas en si bon chemin. Celui-ci a décrit dans le détail les négociations avec le fabricant.
Apple soutient que, puisque Qualcomm fait payer ses licences sur la base du prix du produit fini plutôt que sur le prix du composant seul, il « taxe les innovations d’Apple ». Là où la marque à la pomme entendait, au début des années 2010, payer 1,50 dollar de royalties par smartphone à Qualcomm, il a finalement concéder verser 7,50 dollars, à l’époque une belle ristourne par rapport aux prix pratiqués par le fabricant.
Mais, en échange de ce rabais, Apple s’engageait à utiliser exclusivement des puces Qualcomm et de payer des frais s'il décidait d’avoir recours à un autre fournisseur. En 2013, nouveau contrat, nouvelles négociations : Qualcomm voulait augmenter les droits de licence, les doubler même, tout en maintenant sa clause d’exclusivité. Apple accepta encore : « l’alternative était que, si vous ne l’acceptiez pas, le taux du fabricant par défaut était de 18 ou 17 dollars », explique Jeff Williams. « Nous avions besoin de leur approvisionnement en puces. Si nous essayions de les poursuivre légalement, nous n'aurions pas accès aux puces». Ce qui finit par arriver avec la dernière génération d’iPhone.