Elles ne se contentent plus de gérer les échanges de messages et de fichiers entre utilisateurs. Il est désormais possible d’accéder à d’autres applications, traiter des tâches, faisant de ces outils de véritables plateformes de Digital Workplace.
ACTIONS DE SLACK.
Jusqu’à aujourd’hui, les workflows étaient l’apanage des moteurs de BPM tels que Bonita, Itesoft W4, Pegasystems, IBM, Oracle. Ces solutions permettent aux DSI de formaliser les processus métiers et de les exécuter à l’échelle de l’entreprise. Des solutions puissantes, capables de se connecter aux applicatifs de l’entreprise, mais aussi très complexes. Les projets de mise en place de workflows s’étendent fréquemment sur plusieurs mois. Bref, ces solutions trouvent leurs limites sur des besoins plus tactiques, lorsqu’il s’agit de créer un petit workflow à l’occasion d’un projet ou d’une action spécifique.
Les plateformes Cloud montent en puissance
Pour ces besoins ponctuels, les plateformes collaboratives telles que Dropbox Paper ou Box font l’affaire. Elles implémentent déjà un embryon de gestion de projet, ce qui permet aux utilisateurs métiers de créer des tâches à accomplir, ajouter des demandes d’approbation à leurs documents. Avec Actions, Slack est allé plus loin. L’Américain a été le premier à proposer à ses utilisateurs de créer leurs propres robots logiciels, aujourd’hui Slack leur permet de générer des tâches sur les tickets Zendesk ou sur Asana, ajouter des commentaires sur un bug signalé dans Jira. La grande force de Slack réside dans ses intégrations d’applications tierces, l’Américain compte plus de 1 500 « Apps » à son catalogue, on imagine la puissance que pourrait prendre Actions dès lors qu’il sera possible de créer des workflows sollicitant cet écosystème logiciel.
Principal rival de Slack dans les grandes entreprises abonnées à Office 365, Microsoft pousse de son côté son offre Planner/Planificateur, une solution de gestion de tâches qui s’interface à Outlook, SharePoint et Teams, la copie Microsoft de Slack. Une offre de gestion de projets plus traditionnelle qui paraît bien lourde face à l’agilité du concept proposé par Slack.
Citrix a frappé un grand coup avec Sapho
Intégrer une gestion de projet ultra-light à des applications tierces, c’était précisément la vocation de Sapho, une startup californienne créée en 2014. Citrix a pris le contrôle de celle-ci fin novembre 2018. Sa solution unifie dans une même interface toutes les interactions de l’utilisateur avec ses applications, qu’il s’agisse de consulter un tableau de bord SAP ou encore un contrat signé sur Salesforce. Tous ces événements sont traités depuis une seule interface. Sapho avait développé des intégrations avec un nombre impressionnant de services SaaS, base de données et services Cloud.
Pour Citrix l’objectif est simple : enrichir sa solution Citrix Workplace des capacités d’intégration développées par Sapho. Mais déjà se dessine la prochaine évolution de la Digital Workplace, celle de l’arrivée des IA au service du collaborateur. Des acquisitions sont dans la liste des tâches à effectuer chez l’ensemble des éditeurs de solutions de collaboration pour les mois à venir. ❍
« Il faut avant tout trouver des cas d’usage métiers »
Cédric Tremintin, consultant associé chez conseil & organisation
« Depuis plusieurs années maintenant, on observe une coloration de plus en plus métier aux solutions collaboratives. Il faut trouver des cas d’usage métiers pour que le déploiement de ces solutions ait véritablement un sens, même si les cas d’usages sont très précis et ne concernent que quelques personnes dans l’entreprise à chaque fois. Une solution de gestion de tâches telle que Trello, très agile avec ces processus non structurés et très peu de contraintes, a démocratisé cette approche. Parmi les conditions de succès, ses solutions doivent être maîtrisées par leurs utilisateurs sans formation et la plateforme doit rester un socle technologique capable de traiter la multitude de cas d’usages métiers. C’est comme cela qu’une solution peut se déployer à grande échelle dans les entreprises. »
Cet article est paru dans le dossier Tendances 2019 de L'Informaticien n°174.