Le géant chinois anticipe les conséquences de la mise au ban américaine, retardant la sortie du Mate X et prévoyant une réduction de 30% de sa production, alors qu’il anticipe une baisse brutale de la vente de ses terminaux à l’étranger. Ses fournisseurs accusent le coup, Broadcom annonçant 2 milliards de dollars de manque à gagner.
Si le fondateur de Huawei continue de soutenir que tout était prévu et que les plans de l’entreprise lui permettront d’absorber une bonne partie des dégâts, sur le papier les conséquences de l’interdiction américaine sont moins encourageantes. Le géant de Shenzen anticipe en interne une chute des ventes de ses smartphones, entre 40 et 60 millions d’unités écoulées en moins cette année, quand il a vendu l’an passé 206 millions de terminaux mobiles.
Tant et si bien que Huawei se prépare à réduire sa production de 30%. L’entreprise évoque une perte de revenus de l’ordre de 30 milliards sur les deux prochaines années. Elle abandonne la fabrication d’ordinateurs portables et pourrait, si les ventes devaient s’avérer décevantes, interrompre les livraisons du Honor 20, qui sera lancé vendredi en France et en Grande-Bretagne. Selon Bloomberg, deux des quatre opérateurs français auraient d’ores et déjà décidé de faire l’impasse sur le terminal.
Répercussions
Le Mate X, smartphone pliable destiné à concurrencer le Galaxy Fold, voit sa commercialisation retardée de trois mois. Officiellement, ce report est sans aucun rapport avec les sanctions de Washington, mais il se murmure que Huawei aurait modifié ses plans et, anticipant l’arrêt des relations avec Google, s’apprêterait à faire passer ses terminaux pliables sur son propre système d’exploitation, toujours en développement, en lieu et place d’Android.
Sans surprise, les déboires de Huawei et la guerre commerciale que la Maison Blanche livre à Pékin ne sont pas sans répercussions. Et c’est Broadcom qui donne le ton. Le géant des semi-conducteurs a revu ses prévisions financières pour l’année en cours à la baisse : ce sont deux milliards de dollars qui vont manquer. Huawei n’est pas seule cause, mais le géant a acheté l’an dernier pour 900 millions de dollars de composants à Broadcom. Et c’est l’ensemble du marché des puces qui tremble : Analog, Skyworks, STMicroelectronics ou encore Infineon sont tous à la baisse en bourse.