Devant le Sénat, David Marcus a joué la transparence afin de rassurer les membres du comité des affaires bancaires. Il faut dire que Facebook joue gros, le législateur américain voyant d’un très mauvais œil Libra, mais aussi et surtout l’implication du géant dans le projet, un géant dont la réputation laisse à désirer.
Hier, David Marcus était entendu par le Comité du Sénat américain en charge des affaires bancaires. Une audition d’un peu plus de deux heures et des échanges intéressants entre des sénateurs qui connaissaient leur sujet et un responsable du projet Libra désireux de lever leurs craintes, du moins en partie.
Et le principal point d’achoppement des questions des élus portait moins sur la création d’un système financier par Facebook pouvant concurrencer le dollar américain que sur les scandales à répétition et la réputation du réseau social lui-même. Entre les lignes, on peut lire que le souci n’est pas tant Libra que le géant à l’origine de sa création.
A plusieurs reprises d’ailleurs, et sous des formes différentes, les sénateurs ont interrogé David Marcus sur les raisons qui ont conduit Facebook à créer Libra. Ce à quoi l’intéressé répond que la blockchain est inévitable et qu’il est préférable que les Etats-Unis prennent une position de leader dans le domaine. D’ailleurs, le choix de la Suisse n’est pas une question de contournement des mécanismes de surveillance, juste une décision de se rapprocher des grands acteurs de la finance.
Des questions sans réponse
D’autant que Libra sera conforme à l’ensemble de la réglementation américaine et ne saura être lancé avant que les législateurs américains ne soient rassurés, a promis David Marcus. Quant à Calibra, c’est une société américaine, sous le régime du droit américain. N’ayez donc crainte, sénateurs. Le patron de la branche blockchain de Facebook s’avance toutefois un peu trop du côté suisse. Il assure ainsi que la FDPIC, la Cnil suisse, sera l’autorité compétente pour toute question de privacy, ce à quoi un porte-parole du régulateur helvétique répond ne toujours pas avoir eu le moindre échange avec Facebook ou d’autres à propos de Libra.
Heureusement pour lui, l’Autorité fédérale de surveillance des marchés financiers suisse, ou FINMA, a confirmé de son côté être effectivement en contact avec les membres du projet Libra. Bon, Facebook répond également à côté lorsque lui est demandé combien il a investi dans le projet, notamment dans les Libra Investment Tokens, ou quelles données il collectera lors des transactions effectuées via ses propres applications. Mais David Marcus soutient que Facebook ne sera qu’un membre de l’Association Libra parmi d’autres, sans aucun privilège du fait de son statut d’initiateur du projet.