Pour VMware les débats sont clos, le futur est autour des containers et de Kubernetes, l’orchestrateur dans ce type d’architecture. L’éditeur avance donc à marche forcée pour rafraîchir son portefeuille et offrir à ses clients le même niveau de service dans cette nouvelle architecture que celui proposé dans le centre de données virtualisé.
Pour Pat Gelsinger, le CEO de VMware, Kubernetes est aujourd’hui courant et a largement emporté la bataille du plan de contrôle sur les architectures en containers. Pour lui le débat est donc clos et il revient à VMware de s’adapter à cette nouvelle donne. Pour lui Kubernetes va beaucoup plus loin que d’être un simple orchestrateur de containers comme ce logiciel est souvent dépeint ; « il est aussi important que furent Java et les hyperviseurs il y a dix ans » assure-t-il sur la scène de VMworld lors de sa session plénière d’ouverture de l’événement qui regroupe près de 20 000 personnes à San Francisco dans le vaste et rénové Moscone Center.
Une nouvelle branche
En Swahili « Tanzu » veut dire jeune pousse ou nouvelle branche dans un arbre. C’est ce que veut devenir le nouveau portefeuille de logiciels et de services sous ce vocable dans la pile logicielle de VMware. La suite de produits va regrouper l’ensemble des opérations sous Kubernetes depuis la création ou la conception de nouvelles applications à leur déploiement et utilisation ainsi que leur gestion et administration.
Le premier produit disponible est Tanzu Mission Control, un logiciel qui permet au client de gérer l’ensemble de ses clusters Kubernetes où qu’ils soient déployés. De plus l’éditeur a rendu public dans une version preview, un logiciel au nom de code projet Pacific, qui a pour but de faire de vSphere une plate-forme nativement Kubernetes dans une version à venir.
Un nouvel éclairage sur les acquisitions récentes
Ce virage stratégique explique plus clairement les différentes acquisitions récentes de VMware. L’ensemble de celles-ci donne à VMware les moyens de proposer une solution complète autour de l’environnement Kubernetes allant de la conception d’applications avec Pivotal à la gestion et au contrôle des applications déployées sur Kubernetes. Dans l’acquisition de Pivotal, il s’agit de profiter du travail déjà réalisé par la plate-forme autour de PKS, le moteur Kubernetes de Pivotal et du récent PAS, les services applicatifs de Pivotal pour les applications nativement développées pour le Cloud.
Cet ensemble est complété par le portefeuille d’applications préconstruites pour les environnements Kubernetes de Bitnami et le projet Galleon actuellement en Beta, qui fournit la possibilité de personnaliser et de verticaliser des piles applicatives pour les développeurs.
Dans le futur, le projet Pacific va transformer vSphere en une plate-forme nativement Kubernetes. Ce dernier va être embarqué directement dans vSphere lui permettant de gérer à la fois des machines virtuelles et des containers. Ce niveau sera réalisé au niveau des applications. Cette vue pourra être partagée entre les équipes de développement et de production.
Tanzu Mission Control permet à l’administrateur d’avoir une visibilité complète sur les différents éléments des clusters Kubernetes. S’il a besoin de plus d’éléments que ceux fournis par Mission Control l’administrateur pourra aller chercher des informations complémentaires dans Wavefront directement depuis Mission Control. Le logiciel comporte de plus différents éléments de contrôle des politiques de stockage, de sécurité et d’administration du cluster ou de groupes de clusters. Il conserve certains espaces d’indépendance pour les développeurs à travers leur espace de travail par l’API de Kubernetes.
Où va Cloud Foundry ?
A l’analyse les annonces autour de Tanzu marquent le constat de VMware sur l’échec de ses différents essais de récupération de la technologie container dans le giron de l’éditeur que ce soit l’échec du projet Photon et de son succédané VIC (vSphere Integrated Container) ou les autres essais d’embarquer des containers dans des machines virtuelles. Plus largement le choix de VMware de monter le lien entre virtualisation au niveau du plan de contrôle et non plus au niveau du container jette le doute sur les autres essais d’embarquer des containers dans une machine virtuelle tels que les Katas Containers d’OpenStack.
Par ailleurs cette nouvelle stratégie aura des conséquences sur les engagements autour de Cloud Foundry. En effet, jusqu’à présent Pivotal était le tuteur bienveillant et le premier contributeur dans la Cloud Foundry Foundation. Maintenant que la priorité est à Kubernetes, l’engagement ira certainement plus vers la CNCF (Cloud Native Computing Foundation), la fondation tutélaire de Kubernetes. Au moins cela va demander aux deux fondations de se rapprocher et de se coordonner. Si du bout des lèvres on nous assuré que l’engagement restera le même dans les différentes fondations on ne peut que douter de cette annonce. Les promesses n’engagent que ceux qui les reçoivent.